Face à la sécheresse, les eaux usées deviennent une ressource précieuse

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour le regarder en intégralité.

Récupérer les eaux de nos douches, de nos machines à laver, des toilettes ou celles de sites industriels pour les réutiliser après leur passage en station d'épuration. Un moyen efficace d'économiser l'eau potable. Une entreprise du Maine-et-Loire a mis en place ce système. Pour produire ces pâtisseries vendues surgelées, d'énormes quantités d'eau refroidissent en permanence le congélateur de l'usine, sans aucun contact avec les pâtisseries.

"Elle passe par un four, puis après un refroidisseur, donc elle doit passer d'environ 100 °C à moins 18 °C une fois qu'on sort du surgélateur", relate Yasmine Froger, directrice de la production dans la Pâtisserie Pasquier.

Des économies réalisées

Pour éviter d'utiliser l'eau du réseau, l'entreprise a investi dans sa propre station d'épuration. Aujourd'hui, elle ne consomme que 25 000 m³ d'eau potable par an, moitié moins qu'auparavant. La réutilisation lui a permis d'être autonome. "On peut être amené à avoir des restrictions pour préserver l'eau pour les autres usages. Là, avec l'économie qu'on fait, on pourra continuer à produire", affirme Véronique Lafferrière, chargée de missin sécurité, santé et environnement.

Ce système, les viticulteurs de la cave de Gruissan (Aude), l'expérimentent déjà depuis trois ans. Sur 80 hectares de vigne, ils irriguent avec de l'eau traitée de la station de Narbonne. "Si on veut voir l'eau qui sort de ce système d'irrigation, on peut se remplir un petit contenant pour voir un petit peu la couleur de cette eau", montre Frédéric Vrinatet elle est clair. Une eau propre, mais non potable. Auparavant, elle était rejetée en mer. Aujourd'hui, elle sauve ses vignes touchées par la sécheresse. "Avant, on subissait une forte mortalité sur les parcelles et des rendements extrêmement faibles", conclut-il.

Des investissements à faire

Une expérience concluante dont s'est inspiré le département voisin le plus sec de France, les Pyrénées-Orientales. En avril prochain, les eaux de la station d'épuration d'Argelès ne seront plus rejetées en mer mais subiront un nouveau traitement par ultrafiltration, une étape imposée par la loi pour pouvoir les réutiliser dans les champs.

"Pour vulgariser l'ultrafiltration, ce sont des membranes comme des spaghettis. On peut comparer ça aussi à une passoire avec plein de petits trous et on passe cette eau dans ces trous. Il faut savoir qu'un trou est 5 000 fois plus petit qu'un cheveu. Ce qui permet d'arrêter tous les virus et les bactéries", explique Julien Phillippart, responsable développement Véolia Tech.

La communauté de communes va débourser 3 millions d'euros pour le traitement et 10 millions pour acheminer l'eau dans les terres. Indispensable selon les élus, avec les sécheresses qui se répètent, il est impossible d'assurer à la fois les besoins en eau de l'agriculture et du tourisme. "La consommation d'eau explose en été, bien évidemment, donc la réutilisation de l'eau est en quelque sorte se redonner une seconde vie à l'eau déjà utilisée, ce qui fait que les agriculteurs vont pouvoir utiliser cette eau qu'on va leur proposer et cette eau n'aura pas à être pompée, prélevée dans les nappes, lesquelles seront préservées pour les usages finaux que sont les consommateurs au robinet", souligne Antoine Parra, président d'une communité de communes du département.

Des économies réalisées

Une soixantaine de producteurs qui souffrent de la sécheresse attendent avec impatience. Comme Benjamin Guertin, arboricutlteur. Il est prêt à dépenser 35 000 euros par an pour cette eau, appelée aussi la "réut". "Aujourd'hui, on a les restrictions d'arrosage. C'est-à-dire qu'on a du mal à atteindre le plein potentiel de nos vergers avec ces nombreuses restrictions et puis l'augmentation des températures. Donc aujourd'hui, d'avoir la 'réut' qui arrive, elle arrive à point nommé", selon lui.

La réutilisation, une des solutions pour s'adapter au changement climatique. Actuellement, en France, moins d'un pour cent de l'eau usée traitée est réutilisée.