« Un moyen de se ressourcer » : 225 km à la découverte des Cathares

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Surnommé le chemin des bons hommes, le GR 107 prend racine en Ariège, aux ruines de Roquefixade, perché sur une colline rocheuse. Cette route des Cathares est le point de départ de la randonnée équestre de la famille Petit-Jean. Marc Petit-Jean, cantalien passionné, arpente la France avec ses chevaux depuis l’adolescence. Cette année, il a choisi ce sentier pour découvrir les vestiges de l’époque cathare : "Il n’y a pas de traces d’urbanisation. Voyager sur le chemin des bonshommes, c’est un peu ça. C’est être mêlé à l’histoire et retrouver le temps d’exister."

Entre nature et aventure

Des chemins en terre, parfois aventureux, peu fréquentés des randonneurs : un plaisir pour Matthieu Petit-Jean, cavalier : "Il y a beaucoup d’espace, peu de monde, même dans les villages. C’est assez désert en quelque sorte, donc c’est un moyen de se ressourcer." À hauteur d’arbres, le sentier conduit bientôt à l’un des lieux emblématiques de l’histoire cathare : le Château de Montségur.

Montségur, dernier bastion des Cathares

Montségur fut le dernier chef de résistance des Cathares face à l’Inquisition. Au XIIIe siècle, les dissidents de l’Église catholique se réfugient dans cette forteresse. Tristan Bergerot, guide local, raconte : "On envoie une armée de croisés d’environ plusieurs milliers d’hommes au pied de la montagne. Ce siège a duré dix mois et c’est le siège le plus long." 225 Cathares périrent sous les flammes, et l’édifice fut ensuite reconstruit par les vainqueurs. Une histoire qui émeut Marc Petit-Jean : "Quand on est confronté à une histoire douloureuse, qui est toujours l’histoire de la guerre, il y a un aspect contemporain dans ce qu’on entend. Ça réveille les émotions."

Si certains périrent, d’autres cathares fuirent vers le sud, empruntant peut-être ce même chemin. Aujourd’hui, ce sentier est parcouru par des familles comme celle de Lili Lacaze et sa fille Diane, 6 ans, pour découvrir les paysages de la haute montagne pyrénéenne. "Ça fait chaud au cœur de revenir au pays et de faire découvrir à ma fille les beaux paysages de l’Ariège."

Le refuge du Chioula devient alors une étape gourmande et conviviale. Lili retrouve Alvaro Aleman, maître des lieux depuis 17 ans. Ici, le croque-monsieur 100 % local est une institution, et la générosité d’Alvaro pour le beurre fait l’unanimité.

Vers la Catalogne : le sanctuaire de Queralt

Lorsque la nuit tombe, parfois sous la pluie, les bonshommes s’exilaient encore plus loin, de l’autre côté de la frontière. À Berga, en Catalogne, se trouve le sanctuaire de Queralt, dernière étape du sentier cathare, accessible uniquement à pied. La chapelle est nichée à flanc de rocher, à 1 200 mètres d’altitude, comme pour se rapprocher de Dieu. Un guide explique : "Nous sommes au point le plus haut de la montagne, la Grotte de la Trouvaille. La tradition dit que c’est ici qu’on a trouvé l’image de la Vierge."

Le monument, œuvre d’un disciple de Gaudí, arbore des détails inspirés de la Sagrada Familia. Les visiteurs s’émerveillent : "C’est curieux de voir cette grotte avec toutes ces décorations. Ça vaut la peine de marcher, de faire un peu d’effort pour découvrir cette superbe vue."

Ainsi se termine notre périple sur les traces des Cathares : 225 kilomètres de randonnée, jusqu’au balcon de la Catalogne, mêlant histoire, nature et émotion.