Quand la prudence devient monnaie courante : l’épargne des Français
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Mettre de côté en cas d’imprévu : c’est l’obsession de Paul Gabbani. Ce notaire stagiaire place 500 euros par mois sur son livret A, soit près d’un quart de son salaire. Une décision qu’il explique ainsi : "C’est pour l’épargne de sécurité, si je dois déménager, si je dois avoir un canapé, peu importe, ou des voyages. Je préfère prévoir les imprévus plutôt que de me retrouver à devoir faire des allers-retours à droite à gauche."
Cette prudence reflète une tendance générale en France. L’épargne atteint actuellement un niveau record, avec le livret A comme placement préféré : 58 millions de livrets recensés totalisant 432 milliards d’euros. L’assurance-vie arrive en deuxième position, avec 19 millions de détenteurs et 2 057 milliards d’euros. Parmi les plus gros épargnants, on retrouve les ménages les plus aisés, les diplômés, ceux sans enfants ou encore les retraités. À l’image de cette directrice commerciale à la retraite, qui place 300 euros par mois sur son assurance-vie :"On ne sait pas trop ce que nous réserve l’avenir. De deux, ce sont des assurances-vie, donc c’est plus particulièrement pour les enfants", justifie-t-elle.
L’épargne, un choix qui influence la consommation
Même discours pour deux étudiantes rencontrées ce jour-là. Elles restent prudentes en mettant de côté leur salaire de l’été. "Si je veux partir en vacances ou faire des choses comme ça, faire des activités un peu plus spéciales, comme des concerts ou d’autres choses à Paris", se projette l’une d’elles.
Mais cette épargne importante a un revers : elle réduit la consommation, avec des conséquences sur l’économie du pays. Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, explique : "S’il n’y a pas de consommation, c’est difficile d’avoir de la croissance, et donc cette épargne vient pénaliser finalement la croissance, parce que les ménages ne consomment pas assez."
En France, la croissance était de 0,3 % au deuxième trimestre.