EN DIRECT - Marine Le Pen condamnée : le RN lance sa contre-offensive au lendemain d’un «séisme politique»

Six Français sur dix jugent que la condamnation de Marine Le Pen ne constitue pas un handicap pour le RN

Selon un sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro, une majorité des Français (61%) comme de sympathisants RN (57%) pensent que cette décision de justice n’est pas un handicap pour le RN sur un plan politique, Jordan Bardella, probable remplaçant en cas d’empêchement de Marine Le Pen, étant aussi apprécié dans l’opinion que la triple-candidate à la présidentielle. Pour 22% des sondés et 25% des sympathisants RN, ce scénario est même «un atout pour le RN car cela lui permettra de tourner la page Le Pen».

L’ex-président brésilien Jair Bolsonaro dénonce une «persécution» contre Marine Le Pen

L’ex-président brésilien Jair Bolsonaro (2019-2022) a dénoncé lundi une «persécution» à l’encontre de la cheffe de file de l’extrême droite française Marine Le Pen, condamnée à cinq ans d’inéligibilité avec effet immédiat pour détournement de fonds publics.

«J’espère et j’encourage Mme Le Pen à surmonter cette persécution et à se présenter à la prochaine élection présidentielle» en 2027, a écrit sur son compte X Jair Bolosonaro, lui-même condamné à une peine d’inéligibilité au Brésil.

«On bâillonne d’un coup un tiers des Français » : à Hénin-Beaumont, la grande désillusion des électeurs de Marine Le Pen

Le soleil radieux du Nord darde ses rayons à travers les vitres de la voiture. Jason plisse les yeux. Tournevis fiché dans la bouche, fils électriques fourrés dans la poche de son survêtement, le trentenaire, installé sur le siège avant, s’échine à réparer l’autoradio de sa Twingo garée dans les rues d’Hénin-Beaumont. La machine électronique peine et crachote, finit par laisser échapper après quelques secondes les ondes hachées de France Info. «Les réactions politiques pleuvent après la condamnation de Marine Le Pen », énumère le journaliste. Jason, lui, en ricane presque. «Franchement, s’il vous fallait encore une preuve pour voir à quel point on méprise les électeurs de Marine Le Pen, elle est toute trouvée. Ils ont magouillé pour la faire tomber parce qu’ils savaient très bien qu’elle gagnerait les prochaines élections», déplore le mécanicien.

À Hénin-Beaumont, fief historique de Marine Le Pen, l’annonce de sa condamnation et de son inéligibilité a fait l’effet d’un séisme. Jeanne Durieux

«Il faut que la justice se hâte» : quand aura lieu le procès en appel ?

La question est au cœur de l’avenir politique de Marine Le Pen, mais les délais habituels de la justice ne semblent pas de nature à éclaircir son horizon. Le procès en appel ne devrait pas se tenir, au minimum, avant un an, avec une décision plusieurs semaines plus tard, soit pas avant la fin 2026, à quelques mois de la présidentielle. Et sans garantie que la cour d’appel rende une décision différente de celle du tribunal.

«Ce n’est pas moi qui en ai la maîtrise, je peux demander ce que je veux...», a d’ailleurs reconnu la députée du Pas-de-Calais lundi soir sur TF1, avant de retrouver un ton plus offensif : «il faut que la justice se hâte».

Trump compare la condamnation de Le Pen à ses propres affaires judiciaires

Donald Trump a comparé lundi la condamnation de Marine Le Pen à ses propres affaires judiciaires aux États-Unis, estimant que l’inéligibilité pour cinq ans de la dirigeante du Rassemblement national était «une affaire très importante».

«Cela fait penser à notre pays, cela ressemble beaucoup à notre pays», a déclaré Donald Trump, lui-même condamné l’an dernier dans l’affaire des paiements cachés à une actrice de films X.

La presse française s’interroge sur les suites d’«un séisme politique»

«Le jugement qui bouleverse tout», «onde de choc», «séisme politique» voire «démocratique»: la condamnation de Marine Le Pen à cinq ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics «bouleverse la donne de l’élection présidentielle de 2027», réagit la presse française mardi matin. «Quelles suites politiques ?», s’interroge Ouest France en Une. Dans son éditorial intitulé «Un jugement n’est pas un déni de démocratie» son chef de la rédaction Stéphane Vernay estime que «le chœur de protestations soulevées par la décision du tribunal correctionnel de Paris (...) pose question.» «Marine Le Pen n’est pas victime d’un ’procès politique’ ou d’un complot ourdi par le ’gouvernement des juges’», écrit-il, tout en prévoyant que «les idées et le programme du RN continueront à être proposés aux électeurs lors des prochaines élections.»

Pour Vincent Trémolet de Villers du Figaro à l’inverse, «le maximalisme judiciaire est chirurgical et tombe toujours du même côté». «Quoi que l’on en pense, la campagne de la prochaine élection présidentielle a commencé par le dynamitage assumé de la candidature la plus populaire», met en avant le directeur délégué du quotidien dans son édito titré «Le ’droit’ contre le ’peuple’».

La Une du Figaro. Le Figaro

En Une de La Croix, Loup Besmond de Senneville estime quant à lui que «la décision rendue par les juges ne constitue pas un acte politique, même si elle a incontestablement des conséquences dans ce domaine». Libération qui a mis en une pleine page le visage de Marine Le Pen barrée du mot «COUPABLE», évoque «un séisme politique». «Celle qui incarne l’extrême droite en France depuis près de quinze ans pourrait bien dire adieu à son avenir politique», peut-on lire dans une analyse de Nicolas Massol, qui conclut «nul n’ignore, à l’extrême droite, que c’est pour Jordan Bardella que soupirent Bolloré et ses ouailles.»

La Une de Libération Libération

«Le Malheur de Marine, la Chance de Jordan?», abonde La Voix du Nord concernant l’actuel président du Rassemblement national. «Après tout, c’est la leader du parti elle-même, à la veille des réquisitions en novembre, qui a soulevé l’hypothèse : ’Même si vous arrivez à vous débarrasser de Marine, vous ne pourrez pas vous débarrasser de Jordan !’», rappelle le journal.

Dans son éditorial, Dominique Seux des Échos relève que «même si c’est infondé, (la justice) fournit du carburant au ressentiment de millions de Français sur le système judiciaire et au soupçon que les juges voulaient écarter la candidate du RN.» Selon lui, cet événement et les réactions qu’il a suscitées de Moscou à Budapest en passant par Rome «permet de mesurer les contours de l’Internationale conservatrice et de la nouvelle géopolitique qui défie les démocraties libérales.»

Premier jour dans l’inconnu pour Marine Le Pen et le RN, qui lancent la contre-offensive

À J+1 après le jugement choc contre Marine Le Pen, le RN organise la contre-offensive politique et médiatique mardi en prenant l’opinion à témoin, et en exigeant un procès en appel suffisamment rapide pour espérer maintenir sa candidature à la présidentielle. Jordan Bardella, Louis Aliot, Sébastien Chenu, Marion Maréchal... pontes du parti et soutiens de la cheffe de file défileront en nombre sur les plateaux des médias dès le matin.

Le président du RN a déjà prévenu sur X qu’il irait sur CNews/Europe 1 dénoncer un «scandale démocratique». Et les fidèles de la patronne s’attacheront à ne pas alimenter l’hypothèse d’un renoncement de la candidate. Lui-même dauphin sur le papier, Jordan Bardella n’a pas manqué d’accompagner son message d’une photo le montrant en train d’enlacer Marine Le Pen. «Nous serons partout sur le terrain au cours des prochaines semaines», a assuré Jordan Bardella dans une lettre aux sympathisants du RN.

Appelant à la «mobilisation populaire et pacifique», le parti a également lancé lundi une pétition de soutien, avec le mot d’ordre «sauvons la démocratie, soutenons Marine». «Nous n’avons pas besoin de préparer un plan B puisque le plan A est le même : Marine Le Pen candidate à la présidence», a martelé lundi Jean-Philippe Tanguy, cadre du groupe à l’Assemblée.

Quant à la principale intéressée, elle a mené la charge au JT de TF1 lundi soir, dénonçant une «décision politique», «jour funeste pour notre démocratie», et «des pratiques que l’on croyait réservées aux régimes autoritaires». «Je ne vais pas me laisser éliminer ainsi», a martelé la députée du Pas-de-Calais, mettant sur la table une exigence qui devrait se retrouver dans toutes les prises de paroles du parti lepéniste : une audience en appel rapide, espérant qu’une décision plus clémente lui permette d’être sur la ligne de départ en 2027.

Bienvenue sur ce direct

Bonjour à tous, c’est «le jour d’après» pour Marine Le Pen, condamnée hier à une lourde peine de quatre ans de prison dont deux avec sursis, mais surtout à cinq ans d’inéligibilité, ce qui l’empêche pour l’heure de se présenter à l’élection présidentielle. Suivez notre direct.

Les publications apparaîtront ici