Marine Le Pen condamnée : comment le RN a fait le pari d’une trumpisation de son discours… et du débat public
À en croire le Rassemblement national (RN), la place Vauban était noire de monde, dimanche 6 avril à Paris. Sur ses réseaux sociaux, le parti d’extrême droite partage des dizaines de photos opportunément cadrées, donnant l’impression d’une marée de militants et de drapeaux tricolores. Il suffisait pourtant de s’éloigner de la scène, de se promener sur la place, pour se rendre compte que ce meeting était loin de réunir les 10 000 personnes revendiquées par le RN. Il s’agit là d’un petit camouflet pour Marine Le Pen, qui en avait appelé à la « résistance pacifique, démocratique, populaire et patriote ».
Enfilade de mots ronflants pour ripoliner une entreprise au fond assez simple : une manifestation contre la justice et l’État de droit, après la condamnation à quatre ans de prison et cinq ans d’inéligibilité à effet immédiat contre la candidate RN à la présidentielle. Car l’héritière de Montretout ne supporte pas d’avoir été déclarée en première instance coupable de détournement de fonds publics dans l’affaire des assistants parlementaires du Parlement européen. Ces derniers, au lieu de travailler pour les députés de tutelle comme la loi le prévoit, travaillaient en réalité pour le parti. Elle a fait appel.
Copier le modèle américain
Depuis que le jugement est tombé, le camp lepéniste tente de se repeindre en victime d’une machine judiciaire qui chercherait à avoir son scalp. Place Vauban, Marine Le Pen persifle contre une « justice politique » qui la traite « en sous-citoyenne », tandis que dans l’Hémicycle, quelques jours plus tôt, son lieutenant Jean-Philippe Tanguy éructait contre « les juges tyrans qui exécutent l’État de droit en place publique ». Si le président du RN Jordan Bardella jure ses grands dieux qu’il ne s’agit nullement de...