Complotisme et relents trumpistes : après la perquisition de son siège, le RN se pose en victime du pouvoir
Au Rassemblement national (RN), ils ne manquent pourtant pas d’avocats, Marine Le Pen en tête. Ils devraient donc savoir qu’il y a une différence entre une enquête préliminaire et une information judiciaire. La première est directement pilotée par le parquet, dont les procureurs sont nommés par décret du président de la République. Les secondes sont, elles, confiées à des juges d’instruction indépendants dans la conduite de leurs investigations.
Une distinction qui n’a pas empêché le RN de verser dans une forme de complotisme judiciaire : « Cette opération, spectaculaire et inédite, s’inscrit clairement dans une nouvelle opération de harcèlement. C’est une atteinte grave au pluralisme et à l’alternance démocratique. » Ces mots sont ceux de Jordan Bardella qui a lui-même révélé, ce mercredi 9 juillet, que des perquisitions étaient menées dans les locaux parisiens de la formation à la flamme, dont il est le président.
« Depuis 8 h 50 ce matin, le siège du Rassemblement national – y compris les bureaux de ses dirigeants – fait l’objet d’une perquisition menée par une vingtaine de policiers de la brigade financière, armés et en gilets pare-balles, accompagnés de deux juges d’instruction », s’est-il ému sur X. Avant que le compte du RN n’établisse un lien entre sa position de « premier parti de France » autoproclamé et cette perquisition : « Ces méthodes indignes d’une démocratie ne font que renforcer notre détermination à défendre les Français. »
Des interrogations sur le financement de la présidentielle 2022
Certains ont tôt fait de rapprocher ces perquisitions avec celles qui avaient visé le siège du Parti de gauche, de LFI et du domicile de Jean-Luc Mélenchon en 2018. Sauf qu’à l’époque, elles s’étaient déroulées dans le cadre d’enquêtes préliminaires directement pilotées par le parquet de Paris, raison (en partie) du courroux du chef de file des insoumis. L’enquête avait finalement été confiée à des juges d’instruction, décision immédiatement saluée par le candidat à la présidentielle de 2022.
Concernant le RN, l’opération a été ordonnée dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en juillet 2024 sur des soupçons de financement illicite des dernières campagnes du RN, selon le Monde. Une information confirmée par le parquet qui a précisé que d’autres perquisitions avaient été menées simultanément dans des sociétés et au domicile de leurs dirigeants.
Elles doivent « permettre de déterminer si ces campagnes ont été notamment financées grâce à des prêts illégaux de particuliers bénéficiant au parti ou à des candidats du Rassemblement national, ainsi que par des surfacturations de prestations ou des facturations de prestations fictives ayant été intégrées par la suite dans les demandes de remboursement forfaitaire par l’État des dépenses de campagne », a-t-il étayé.
Cette enquête vient s’ajouter à celle déjà officialisée par le parquet européen, mardi 8 juillet, sur des soupçons de détournements d’argent public au sein du Parlement européen, pour pas moins de 4,33 millions d’euros.
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