Nicolas Sarkozy invite Jordan Bardella à discuter et dénonce le « cordon sanitaire » autour de l’extrême droite
La droite et l’extrême droite continuent chaque jour un peu plus de se renifler de trop près. Nicolas Sarkozy a même tenu à faire savoir qu’il a reçu Jordan Bardella pendant une heure dans son bureau parisien, mardi, rue de Miromesnil, à Paris. L’ancien président de la République, pas le dernier pour chasser sur les terres électorales de l’extrême droite et affaiblir le cordon sanitaire entre la droite dite républicaine et les héritiers de Pétain, s’est donc longuement entretenu avec le président du RN, comme si de rien n’était.
Son entourage a fait savoir que l’ex-chef de l’État a récemment apprécié la réaction de Jordan Bardella, qui s’est dit « choqué » par le retrait de la légion d’honneur de Nicolas Sarkozy, suite à sa condamnation définitive en justice dans l’affaire des écoutes.
Leur opposition au simple respect de la loi, leur hostilité à ce qu’un ancien président se voit appliquer les mêmes règles que tous les citoyens, a donc constitué l’élément déclencheur de la rencontre. Voilà qui promet. D’autant plus que les deux assurent avoir discuté de « l’avenir de la France ».
L’union des droites sous le patronage du délinquant Sarkozy ?
D’un côté, Jordan Bardella dit vouloir « réunir dans un même élan les Français issus des classes populaires et une partie de la bourgeoisie conservatrice comme Nicolas Sarkozy le fit en 2007 ». De l’autre, Nicolas Sarkozy considère que le RN ne peut être réduit à l’étiquette d’extrême droite et juge « stupide » l’argument selon lequel « le RN n’appartiendrait pas à l’arc républicain ».
Alors que la convergence idéologique devient manifeste entre LR et le RN, les discours de Bruno Retailleau, Éric Ciotti et Marine Le Pen se chevauchant de plus en plus, des voix plaident désormais ouvertement pour une « union des droites », comprendre une jonction entre la droite à la dérive et l’extrême droite. Le Figaro tient chaque jour davantage cette ligne et se réjouit que Nicolas Sarkozy ait organisé « un rendez-vous au nom du refus des interdits ».
Le journal se lamente également de l’existence d’un cordon sanitaire « entre la droite dite de gouvernement et ce qu’il est de coutume d’appeler l’extrême droite ». Certains de ses éditorialistes vont même jusqu’à écrire, paraphrasant Éric Ciotti, que ce cordon tient du « piège mitterrandien », en revenant sur la municipale partielle de Dreux en 1983, épisode sur lequel la droite avait tenté de rebondir pour tenter -déjà- de s’allier durablement avec le FN, avant de renoncer.
Sauf que ce cordon sanitaire entre la droite et l’extrême droite n’est pas né en 1983 dans les esprits de gauche. Il est né durant la Seconde guerre mondiale car une partie de la droite française s’est vautrée dans la collaboration avec l’Allemagne nazie et dans la politique indigne, honteuse et criminelle de Pétain.
Ce cordon est né car l’autre partie de la droite, gaulliste, a refusé la défaite et l’entente militaire, diplomatique, économique et idéologique avec les nazis. Voilà pourquoi, après la Libération et jusqu’à nos jours, il y a eu deux droites en France. L’une républicaine, et l’autre néofasciste.
L’une de gouvernement, et l’autre de l’agitation populiste, raciste et xénophobe. Que les deux tendent à se rejoindre aujourd’hui, comme lors de ce rendez-vous entre Nicolas Sarkozy et Jordan Bardella, constitue une très mauvaise nouvelle. Car cela ne signifie pas que l’extrême droite est devenue républicaine : cela signifie que la droite cesse de plus en plus de l’être, et qu’elle est en train de se faire manger par son extrême.
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