« Elle est toujours candidate » : après la condamnation de Marine Le Pen, le RN n’envisage pas encore l’option Bardella pour 2027

Elle s’y voit toujours. Même déclarée inéligible par la justice pour cinq ans, Marine Le Pen se rêve encore à l’Élysée, persuadée que la « dictature des juges » fantasmée par ses soutiens n’aura pas sa peau. « Je suis combative, je continuerai (à me battre) jusqu’au bout », a lâché, lundi soir sur TF1, la triple candidate RN à la présidentielle, refusant le verdict du tribunal.

Elle a d’ailleurs fait appel de la décision et jure qu’elle est « innocente » du détournement de fonds publics dont elle a été reconnue coupable. « Je vais mener les voies de recours, il existe un petit chemin, mais il existe », affirme-t-elle, désireuse que la justice se « hâte ». Marine Le Pen ne compte pas rendre les armes mais bien faire comme si elle était toujours en position d’être élue présidente de la République.

« Un atout formidable »

De quoi mettre du plomb dans l’aile au plan B comme Bardella, son dauphin depuis 2019. Le président du parti apparaît aujourd’hui comme le successeur naturel de la patronne, apprécié par les militants et la base électorale. Mais il faut savoir lire entre les lignes.

Sur TF1 toujours, Marine Le Pen présente celui qui fut candidat à Matignon comme « un atout formidable pour le mouvement ». Avant d’ajouter toutefois espérer que « nous n’aurons pas à user de cet atout plus tôt que nécessaire ». La présidente du groupe RN à l’Assemblée a d’ailleurs assuré qu’elle ne se retirait « en aucune manière » de la vie politique, comme pour mieux tuer dans l’œuf les ambitions de l’eurodéputé aux dents longues.

Mis à part en 1981, où le FN n’était pas en lice, la formation lepéniste n’a jamais présenté de candidat à l’Élysée qui ne portait pas le nom Le Pen. « Elle est toujours candidate », assure d’ailleurs Marion Maréchal, sa nièce.

Vers une guerre des chefs ?

En interne, les proches de Marine Le Pen comme Jean-Philippe Tanguy ou Sébastien Chenu sont de toute façon loin d’adouber le jeune arriviste, qui imagine pouvoir réussir l’union des droites malgré l’échec des législatives anticipées. Ceux-ci ont, par exemple, peu goûté ses prises de liberté très pro business sur le projet économique du RN concocté par le premier cité, qui prétend faire un minimum contribuer les plus riches là où Bardella se lance dans une drague lourde des patrons du CAC 40.

Voilà de quoi en agacer certains dans un parti qui revendique (à tort) une étiquette antisystème. Sur l’Ukraine, l’eurodéputé avait aussi pu braquer, fustigeant dans l’Opinion, en février 2023, la « naïveté collective à l’égard des ambitions de Vladimir Poutine ». Et ce alors que sa candidate publiait, un an plus tôt, un tract censé soigner sa stature internationale avec la photo de sa poignée de main avec le président russe.

Rien ne dit non plus que, Marine Le Pen désormais sur la touche par sa condamnation, Jordan Bardella ne se sente pas pousser des ailes pour « tuer la mère », laquelle n’a pas intérêt à voir son poulain émerger d’ici 2032. À deux ans de la prochaine présidentielle, il n’est donc pas aberrant d’imaginer une guerre des chefs au sein du RN. Un parti dont « Les Républicains » et leur nouvel homme fort, Bruno Retailleau, lorgnent une partie de l’électorat en jouant sur le même terrain identitaire et xénophobe.

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