Bruno Retailleau transmet la liste des « dangereux ressortissants » algériens expulsables

Bruno Retailleau devrait faire passer au gouvernement Algérien de façon imminente une liste de ses ressortissants que le ministre de l’Intérieur souhaite voir quitter le territoire français. « Nous souhaitons que les autorités algériennes se saisissent de cette liste et qu’elles initient ainsi une nouvelle phase de nos relations qui nous permette de traiter nos différends et d’amorcer d’éventuelles coopérations stratégiques », avait déjà fait savoir, devant les députés, Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, début mars.

23 personnes renvoyées en Algérie… et renvoyées par Alger à Paris

Cette nouvelle stratégie de Paris s’amorce alors que depuis janvier 2025, 23 Algériens placés dans des avions en direction d’Alger, auraient, à leur arrivée sur l’autre rive de la Méditerranée, directement été renvoyés à Paris par les autorités algériennes.

Si Bruno Retailleau les englobe tous dans le qualificatif de « ressortissants (algériens) dangereux », leurs profils sont toutefois différents, allant de l’auteur de l’attaque au couteau du 22 février à Mulhouse, à des responsables de simples « troubles à l’ordre public » : un terme fourre-tout dont usent allègrement les préfets depuis la promulgation de la loi Darmanin. Tous avaient, néanmoins une chose en commun : le fait de ne pas disposer de laissez-passer consulaire.

Un affrontement de plusieurs semaines

Suite aux voltefaces algériennes, le locataire de la place Beauvau a menacé Alger de « tester des mesures fermes » et le Premier ministre, François Bayrou, a même évoqué la dénonciation de l’accord de 1968. Outre-méditerranée, on a rejeté « les menaces et les ultimatums » et promis « d’appliquer la réciprocité » si les fameuses mesures françaises devaient être prises.

« Il y a une véritable exagération », a dénoncé l’ancien ambassadeur d’Algérie à Madrid, Abdelaziz Rahabi, concernant les affirmations françaises selon lesquelles l’Algérie rechignerait à produire un nombre suffisant de laissez-passer consulaires. « En 2024, l’Algérie (en) a délivré près de 3 000 (…), ce qui représente un taux de satisfaction à la demande française entre 42 et 43 %, a-t-il développé. C’est exactement dans les mêmes termes pour les autres pays de l’Afrique du Nord et de l’Afrique subsaharienne. »

Désordre diplomatique

Le désordre diplomatique entretenu par Bruno Retailleau a atteint de telles proportions qu’Emmanuel Macron s’est retrouvé dans l’obligation de désavouer ses deux comparses un peu trop zélés. Il leur a rappelé qu’un accord avait été trouvé par Gérald Darmanin, lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, « pour favoriser justement le retour de certaines catégories de personnes en situation irrégulière identifiées comme les plus dangereuses ».

L’idée de s’inscrire dans le respect de ce contrat bilatéral, en éditant une liste « de centaines » d’Algériens à expulser, a alors jailli dans l’esprit du ministre de l’Intérieur… Celle que le gouvernement s’apprête à envoyer ne comporterait cependant que « plusieurs dizaines » de personnes correspondant aux critères définis par l’accord.

Les dangereux immigrés, couteaux entre les dents, face auxquels les autorités algériennes voudraient laisser la population française, ne seraient-ils finalement pas aussi nombreux ? Peut-être même n’existent-ils que dans le récit fictionnel nourri par Bruno Retailleau dans le but de plaire à ses amis d’extrême-droite.

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