Retraites : ouvert à des ajustements sur la réforme, le Medef reste ferme sur l’âge de départ à 64 ans

Alors que le RN comme la gauche soutient une abrogation de la réforme des retraites, le nouveau premier ministre Michel Barnier dit lui vouloir «ouvrir le débat» pour une «amélioration» de cette dernière. Une piste qui, sans surprise, remporte les suffrages du patronat. Invité ce mardi matin sur RTL, le président du Medef Patrick Martin a affirmé être ouvert à certains ajustements de la réforme votée dans la douleur en 2023, tout en s’opposant à un abandon de l’âge de départ à 64 ans.

Rappelant que ce texte était «une impérieuse nécessité», le patron des patrons a indiqué que le Medef était «prêt à regarder un certain nombre de choses sur les carrières des femmes, sur l’usure au travail». «Mais sous conditions», a-t-il précisé, c’est-à-dire «qu'on ne remette pas en cause les équilibres financiers de cette réforme». Ainsi, un retour sur le report progressif de l’âge légal de départ à 64 ans, c’est «non». Sauf s’il existe des «solutions alternatives, que je n'ai pas vues pour l'instant», a déclaré Patrick Martin.

Par ailleurs, le président du Medef a salué la nomination de Michel Barnier au poste de premier ministre. «Michel Barnier ne cherche pas à faire rêver», a-t-il lancé. Mais, «que ce soit lui (au poste de premier ministre), c'est plutôt rassurant», a-t-il estimé, évoquant «un homme très pondéré, très déterminé et très expérimenté». «Je ne pense pas qu'il nous fera des numéros de claquettes ou qu'il tiendra des propos d'estrade. Il avancera, c'est ce dont on a besoin», a déclaré le dirigeant de la première organisation patronale du pays.

«Décisions réalistes»

Patrick Martin a dit espérer en particulier que le chef du gouvernement, nommé jeudi par Emmanuel Macron et qui s'est attelé depuis à former un gouvernement, réussira «à entraîner avec lui une majorité parlementaire au moins relative pour prendre (...) des décisions réalistes au regard de ce qu'est la situation économique.» «D'une manière assez générale, dans le cadre des élections européennes puis législatives, l'économie a été laissée complètement de côté. On est dans une espèce de monde virtuel où les déficits n'existent pas, où la concurrence n'existe pas, où les enjeux de compétitivité n'existent pas», s'est-il inquiété. «Moi, j'attends du premier ministre qu'il prenne en compte cette situation et qu'à partir de là, il n'embraie pas sur certaines propositions plutôt issues de La France insoumise», comme l'abrogation de la dernière réforme des retraites.

S'alarmant enfin de la hausse du nombre de défaillances d'entreprises, Patrick Martin a appelé Michel Barnier à «rétablir la confiance» des chefs d'entreprise et à «prolonger» la «politique pro-entreprise» menée ces dernières années. «Dans mon entreprise, j'ai suspendu les investissements, j'ai suspendu les embauches, parce qu'on ne sait pas à quelle sauce on va être mangés», a insisté Patrick Martin, qui dirige le groupe de services aux entreprises Martin Belaysoud, comptant 3200 salariés et un peu plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2023.