«RN et gauche mentent» : un député Renaissance dépose une proposition de loi pour décaler l’âge de la retraite à 65 ans

La proposition de loi devrait faire couler beaucoup d’encre. À quelques jours de la date butoir du «conclave» sur les retraites - lancé sous l’impulsion de François Bayrou pour améliorer la très contestée réforme des retraites de 2023, portée par sa prédécesseur Élisabeth Borne et relevant progressivement l’âge légal de départ de 62 à 64 ans - , le député Renaissance Pierre Cazeneuve annonce avoir déposé un texte à l’Assemblée visant à repousser petit à petit cet âge à 65 ans d’ici à 2042. Une manière, pour lui, de rependre l’engagement initial d’Emmanuel Macron lors de la dernière présidentielle, avant que ce dernier ne le revoie à la baisse pour séduire un électorat de gauche entre les deux tours.

Selon Pierre Cazeneuve, cet aggiornamento ne concernerait que 60% des Français. En seraient exclues, précise-t-il, les «personnes concernées par des dispositifs de départs anticipés au titre des carrières longues, de la pénibilité ou d’un métier particulièrement exposé». Une position que le numéro deux du parti présidentiel fonde sur la dernière projection du Conseil d’orientation des retraites (COR), qui anticipe un système plombé par un déficit de 6,6 milliards d’euros en 2030 si aucune mesure corrective n’est prise.

Placée sous l’autorité du premier ministre, l’organisation prévoit que l’âge moyen de départ à la retraite - qui était de 62,9 ans en 2023 - augmentera sous l’effet des réformes successives, pour se stabiliser autour de 64,6 ans à partir de la décennie de la décennie 2030. Pour équilibrer «structurellement» le système «jusqu’en 2070», en jouant uniquement sur «le seul levier de l’âge de départ à la retraite», le COR estime «nécessaire» de porter ce critère à 66,5 ans d’ici là.

À la lecture de ces recommandations choc, Pierre Cazeneuve appelle à «ouvrir les yeux et (à) remettre le débat dans le bon sens : la question n’est pas comment travailler moins, mais comment collectivement travailler plus». Alors que l’idée d’introduire la retraite par capitalisation fait son chemin au sein du bloc central, l’élu macroniste en profite pour cibler ses adversaires du Nouveau Front populaire (NFP) et de la droite nationaliste. «Les futures générations sont plus importantes que les prochaines élections. En prétendant qu’un retour en arrière à 62 ans serait possible, le RN et la gauche mentent aux Français. Ils maintiennent le débat dans un monde imaginaire, à contre-courant de la réalité démographique et économique du pays», cingle-t-il.

Auprès du Parisien , le parlementaire francilien, qui a déposé cette proposition de loi à titre «personnel», le reconnaît : elle est «extraordinairement impopulaire mais nécessaire.» Conscient que son initiative pourrait faire grincer des dents jusque dans son propre camp, il dit avoir pris soin d’en informer Gabriel Attal, patron du parti présidentiel Renaissance. Il n’empêche : la démarche pourrait aussi raviver les tensions à l’Assemblée nationale, déjà profondément fracturée depuis les législatives post-dissolution de juin 2024.