REPORTAGE. "Cela pourra fragiliser de nombreuses entreprises" : les droits de douane américains inquiètent plusieurs filières françaises

Les produits européens seront bientôt taxés à 25 %, a annoncé Donald Trump mercredi 26 février. Le président américain s'en est d'ailleurs pris violemment aux Européens, à l'occasion de la première réunion de son cabinet à la Maison blanche, dans un style qui lui est propre : "L'Union européenne a été conçue pour emmerder les États-Unis", a-t-il lancé. Donald Trump appliquerait donc les mêmes règles à l'UE qu'au Canada et au Mexique. 

Si le président américain n'a pas précisé quels seront les produits ciblés, cette nouvelle annonce de Donald Trump inquiète de nombreuses filières françaises qui exportent outre-Atlantique. Cette déclaration a d'abord laissé perplexe Ugur Yagiz, secrétaire général de la branche sidérurgie du syndicat CFE-CGC. "Ce n’est pas bien clair car il y a quand même déjà pas mal de produits qui sont déjà taxés. Est-ce que c'est ceux-là qu'il compte encore surtaxer ?", s'interroge-t-il.

"Grosses difficultés"

Le syndicaliste évoque tout de même déjà l'idée de futurs plans sociaux en France. "Il n'y a que les gros qui vont pouvoir résister et toutes les petites structures de la sidérurgie vont, à mon avis, être dans de grosses difficultés." Une situation qu'a déjà connue la confédération nationale des AOC. Jérôme Bauer se souvient du premier mandat de Donald Trump.

"On avait quantifié à 500 millions d'euros de préjudice de perte de marchés, lorsque Donald Trump avait mis ces taxes il y a quelques années."

Jérôme Bauer

à franceinfo

Mais cette fois, la situation serait encore plus difficile, explique le vigneron alsacien. "On est déjà une filière qui a un genou à terre avec une succession de crises, climatique, géopolitique... On a des entreprises sont le marché américain est le premier marché, donc oui, ça pourra effectivement fragiliser de nombreuses entreprises de la viticulture, qu'elles soient petites ou grandes", soutient-il alors que l'année dernière, le marché américain était le premier marché en valeur pour les vins français.

"Il faut être ferme"

C'est aussi le timing de cette annonce qui surprend, quelques jours seulement après la visite d'Emmanuel Macron à Washington"J'espère l'avoir convaincu", lançait Emmanuel Macron après sa rencontre avec Donald Trump, mais Nicolas Ozanam, délégué général de la fédération des exportateurs de vins et spiritueux, n'espérait pas grand-chose de leur échange. "Le sujet central était la situation en Ukraine, on n'est pas complètement surpris que ce sujet n'ait pas été absolument au cœur de leurs échanges", explique-t-il.

Jérôme Bauer estime d'ailleurs que le président français ne doit pas agir seul et que l'Europe doit faire bloc. "Personne n'y gagnerait à rentrer dans une guerre commerciale. Il faut vraiment arriver à faire comprendre ça à Donald Trump, on importe aussi des produits américains en Europe. Il faut être ferme", assène-t-il. Dans un communiqué, l'Union européenne a déjà répondu qu'elle répondra "immédiatement" aux futurs droits de douane des Américains.