Droits de douane : le Brésil attaqué frontalement par Trump et ses 50 % de surtaxe sans aucune raison financière

Le président Donald Trump a infligé mercredi un coup sévère à la première puissance économique latino-américaine en signant un décret imposant 50 % de surtaxes douanières à une bonne part de ses exportations vers les États-Unis, à partir du 6 août.

Les droits de douane imposés au Brésil sont parmi les plus élevés infligés par l’administration Trump à ses partenaires commerciaux, et n’ont pas de justification économique – contrairement à d’autres pays ciblés – puisque les États-Unis n’accusent pas de déficit commercial avec le Brésil.

La décision de Donald Trump revêt avant tout une motivation politique : le locataire de la Maison Blanche dénonce une supposée « chasse aux sorcières » contre l’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022), actuellement jugé pour tentative de coup d’État.

Malgré les preuves accablantes accumulées ces dernières années contre Jair Bolsonaro et présentées ces derniers jours lors de son procès, celui-ci représenterait une « persécution politique » et contribuerait, selon l’administration Trump, à « la rupture délibérée de l’État de droit au Brésil ».

Dans un communiqué, l’Exécutif nord-américain n’a pas hésité à accuser les membres de l’administration brésilienne de prendre « des mesures sans précédent qui nuisent et menacent l’économie des États-Unis, entrent en conflit avec la politique américaine visant à promouvoir la liberté d’expression et des élections libres et équitables tant dans le pays qu’à l’étranger, et la menacent, et violent les droits humains fondamentaux ».

Le Brésil déclaré comme « menace pour la sécurité nationale des États-Unis »

Des pratiques qui menaceraient « la sécurité nationale, la politique étrangère et l’économie des États-Unis », au point de voir le président Donald Trump estimer qu’elles « constituent une menace inhabituelle et extraordinaire pour les États-Unis »… et déclarer un « état d’urgence national » !

Des arguments rejetés en bloc par Luiz Inacio Lula da Silva, qui se pose en garant de la « souveraineté nationale », dénonçant fermement une « ingérence inacceptable dans la justice brésilienne » résultat de « l’action de politiciens brésiliens qui trahissent notre patrie en défense de leurs propres intérêts ».

Il vise sans le citer Eduardo Bolsonaro, fils de l’ex-président, qui a mis entre parenthèses son mandat de député pour pratiquer un efficace lobbying auprès de l’administration Trump et du camp républicain contre les autorités de son pays, notamment la magistrature.

« Le gouvernement brésilien considère comme injustifiable l’utilisation d’arguments politiques pour valider » la guerre commerciale lancée par les États-Unis, a exprimé ce mercredi ce président sud-américain.

Pour Brasilia, la négociation ne fait que commencer

Le même jour, Washington a également dégainé de nouvelles sanctions contre le juge Alexandre de Moraes, chargé du procès Bolsonaro à la Cour suprême brésilienne. Déclaré ennemi numéro un par le bolsonarisme et désormais pris à partie par Washington, le juge est désormais visé par la loi Magnitsky, un texte datant de 2012 utilisé pour punir les autorités étrangères que les États-Unis considèrent comme coupables de corruption ou de violations graves des droits humains.

Toutefois, contrairement aux attentes, certains secteurs importants de l’économie brésilienne ont été épargnés par les surtaxes douanières annoncées ce jeudi par Trump. Soulagé, le Brésil s’est montré néanmoins déterminé à se battre en misant d’abord sur la négociation, le gouvernement du président Lula voulant en priorité obtenir gain de cause par le dialogue.

« La négociation n’est pas terminée, elle commence aujourd’hui », a déclaré à TV Globo le vice-président Geraldo Alckmin, principal responsable des tractations avec Washington. Selon lui, la surtaxe de 50 % sera appliquée à des produits exportés pour 14,5 milliards de dollars vers les États-Unis l’an dernier, soit 35,9 % du total.

Près de 700 autres produits, comme les avions, le jus d’orange ou le pétrole, ont été épargnés, et ne seront soumis qu’aux droits de douane de 10 % déjà annoncés en avril.

« Nous sommes sur un point de départ plus favorable que l’on pouvait l’imaginer, mais encore loin du point d’arrivée », a affirmé le ministre des Finances Fernando Haddad, voyant « beaucoup d’injustice dans les mesures » de Washington et évoquant au passage un entretien prévu avec son homologue américain. « Il va y avoir un cycle de négociations », a-t-il annoncé sans évoquer de date.

Le ministre a par ailleurs fait part de l’intention de son gouvernement de « déposer des recours auprès des instances compétentes, tant aux États-Unis qu’auprès des organismes internationaux ».

Quelques heures avant les annonces de la Maison blanche, le New York Times publiait un entretien avec le président Lula dans lequel celui-ci déclarait vouloir être traité avec « respect » par son homologue américain, précisant ne pas se sentir « intimidé » par la puissance américaine. « Nous traitons (la) question (des négociations tarifaires) avec le plus grand sérieux. Mais le sérieux n’exige pas la soumission », avait-il exprimé, affirmant qu’il n’accepterait pas les ordres de Trump et ne négocierait pas sous la pression.

« À aucun moment le Brésil ne négociera comme s’il était un petit pays face à un grand pays. Nous connaissons la puissance économique, militaire et technologique des États-Unis, mais cela ne nous intimide pas, cela ne fait que nous préoccuper ».

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