Droits de douane : quels sont les produits que la France importe des États-Unis ?

Les consommateurs français vont-ils être les victimes de la guerre commerciale lancée par Donald Trump ? Alors que des surtaxes de 20% sur les produits européens importés aux États-Unis sont entrées en vigueur ce mercredi, l’UE a adopté le même jour ses premières mesures de riposte, en taxant à 25% les importations d’une série de produits américains (diamants, poulet, tabac, jus d’orange...), en rétorsion aux surtaxes sur l’acier et à l’aluminium en vigueur depuis le 12 mars. Et Bruxelles n’en a pas fini, puisqu’elle devrait présenter en début de semaine prochaine sa réplique aux droits de douane de 20% imposés depuis ce mercredi. Ces mesures de rétorsion pourraient alourdir la facture pour les consommateurs européens, notamment français.

D’autant plus que, d’après les chiffres du commerce extérieur publiés par la Direction générale du Trésor, le pays de l’Oncle Sam reste l’un des principaux fournisseurs de la France, avec 52,5 milliards d’euros de marchandises importées en 2024. Pour les produits du quotidien, l’impact des droits de douane européens sur les produits américains devrait toutefois rester limité. Lors de la présentation de sa lettre au président de la République, ce mercredi, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, s’est voulu rassurant. Selon lui, cette guerre commerciale aura peu ou «probablement pas (d’effet) sur l’inflation».

Selon le gouverneur, les effets inflationnistes de la hausse des droits de douane annoncée par le président américain Donald Trump seront «moindres», pour plusieurs raisons : parce que «la désinflation était plus avancée en Europe», qu’il n’y «a pas de goulet d’étranglement au niveau de l’économie européenne» et que d’éventuelles contre-mesures de l’UE seraient ciblées et limitées aux importations en provenance des États-Unis, contrairement aux mesures américaines qui visent de nombreux pays. «On importe peu de produits finis des États-Unis», pointe Sylvain Bersinger, chef économiste au sein du cabinet Asterès.

Les hydrocarbures et l’aéronautique en première ligne

Toutefois, certains secteurs, plus exposés aux échanges directs avec les États-Unis, pourraient être davantage touchés par des mesures de rétorsion européennes. C’est le cas de l’industrie aéronautique ou encore de la pharmacie, qui dépendent de matières premières ou de composants importés directement d’Amérique du Nord. Les hydrocarbures, en particulier, constituent l’une des principales catégories d’importation française en provenance des États-Unis, avec 12,2 milliards d’euros en 2024. Une part importante concerne le gaz naturel, qu’il soit liquéfié ou gazeux, importé à hauteur de plus de 3,5 milliards d’euros. «On adore les États-Unis car vous avez le gaz le moins cher au monde», a récemment déclaré le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, depuis Houston, au Texas.

Les produits aéronautiques, comme les moteurs, turbines ou composants d’avion, représentent également une part significative des importations françaises en provenance des États-Unis : environ 9,4 milliards d’euros l’an dernier. L’application de droits de douane européens sur ces produits, qui n’est toutefois pas encore à l’ordre du jour, pourrait ainsi se traduire par une hausse du coût de ces intrants, avec un effet en cascade sur l’ensemble des chaînes de production. Le secteur pharmaceutique n’est pas en reste. La France a importé pour 4,8 milliards d’euros de médicaments et produits de santé des États-Unis en 2024. Parmi la liste de produits américains visés par des contre-mesures - qui entreront en vigueur dès le 15 avril pour certains produits, et le 15 mai pour la majorité des autres - figurent plusieurs produits agricoles : maïs, riz, légumes et jus de fruits. Ces surtaxes pourraient se traduire par une hausse des prix de ces produits sur le marché français.