Retraites : avant la conférence de Bayrou, le PS dépose une motion de censure en solo

François Bayrou espère toujours sauver les meubles après l’échec, lundi soir, de son conclave sur la réforme des retraites. Dans la foulée, le Premier ministre avait annoncé poursuivre les discussions avec les syndicats de salariés et de patrons dont le résultat, fait savoir Matignon, sera présenté ce jeudi 26 juin à 17 heures. Le Parti socialiste, qui avait renoncé à censurer le gouvernement lors du débat budgétaire en échange de ces négociations, n’a pas attendu les conclusions de cette ultime manœuvre et a annoncé, dans la matinée, le dépôt d’une motion de censure… en solo.

Si toutes les autres forces de gauche ambitionnaient une initiative commune des composantes du Nouveau Front populaire (NFP) – la France insoumise y a invité notamment via un communiqué tandis que communistes et écologistes ont annoncé des démarches en ce sens lors d’une conférence de presse mardi -, le texte déposé par le président du groupe PS Boris Vallaud est exclusivement cosigné par ses collègues socialistes.

« Une méthode qui a échoué et qui a rompu toute confiance »

« Le Premier ministre s’était engagé à lancer une concertation sur les retraites « sans totem ni tabou, pas même l’âge légal d’ouverture des droits », avec comme condition « unique mais fondamentale… celle de l’équilibre financier ». Il avait conclu, qu’il y ait accord ou non à l’issue de la concertation, que le « Parlement aura, en tout état de cause, le dernier mot »», rappellent les parlementaires dans le texte de leur motion. Des engagements qui n’ont pas été tenus et « une méthode qui a échoué et qui a rompu toute confiance pour la suite », fustigent-ils.

Avec cette démarche solitaire, le PS s’est attiré des critiques à gauche. « Le PS décide de déposer tout seul une Motion de censure sur les retraites. Sans les autres forces du NFP. Étrange stratégie du « tirage de la couverture à soi » et surtout croire que diviser le NFP sera salutaire est une impasse », tacle sur X le député PCF Nicolas Sansu.

« Nous regrettons le sectarisme qui l’a conduit à refuser une motion de censure commune de toute la gauche comme nous l’avons proposé », critiquent également les insoumis dans un communiqué où ils disent refuser « d’ajouter le ridicule au sectarisme » et en conséquence annoncent qu’ils voteront le texte. « Finalement, il y a une certaine logique à ce que soit au Parti Socialiste qu’il revienne la responsabilité de corriger les dégâts produits par sa décision de refuser de censurer le gouvernement à 6 reprises depuis le mois de janvier », ironisent-ils.

Si la motion devrait être soutenue par l’ensemble de la gauche, ça ne suffit pas à faire le compte. Elle pourrait donc ne pas recueillir suffisamment de voix. Soi-disant opposé à la réforme Borne, le RN préfère renvoyer une éventuelle censure à plus tard. « Le rendez-vous de la censure, c’est à l’automne, c’est au moment du budget. François Bayrou, son tour viendra (…) Il devrait prendre cette non-censure comme un véritable avertissement », a tenté de justifier Sébastien Chenu, mercredi 25 juin sur France Inter.

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