Un spécialiste reconnu du sujet pour accompagner le futur «conclave» promis par François Bayrou sur la très décriée réforme des retraites. Ancien directeur général de l’Agirc-Arrco, le régime de retraite complémentaire des salariés du privé, Jean-Jacques Marette a été choisi par le premier ministre pour animer et coordonner les futures concertations - qui doivent durer trois mois - entre les syndicats et le patronat, comme l’a appris Le Figaro ce samedi auprès de sources gouvernementales.
Dans un entretien à Ouest-France, la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet a confirmé ce choix. «Les partenaires sociaux négocieront en direct, accompagnés par un tiers de confiance, Jean-Jacques Marette, ancien directeur général de l’Agirc-Arrco, qui connaît bien le sujet et les partenaires sociaux», a-t-elle indiqué dans une interview publiée dans l’édition de samedi du quotidien régional.
S’il est inconnu du grand public, cet énarque (promotion Léonard de Vinci) de 73 ans - soit le même âge que François Bayrou - est unanimement respecté par les organisations syndicales comme patronales. Ce qui lui avait déjà valu, début 2020, d’être sollicité par le premier ministre de l’époque, Édouard Philippe, pour animer la «conférence d’équilibre et de financement des retraites», proposée par la CFDT en plein débat sur une réforme du système. «Ils ont pris le meilleur !», lançait alors un proche du dossier dans nos colonnes. À l’époque, la concertation devait déjà durer trois mois. Mais elle avait été brutalement interrompue par la pandémie de Covid-19 et le confinement décrété par le gouvernement en mars 2020, qui avaient empêché l’exécutif d’Édouard Philippe d’aller au bout de sa réforme, visant à construire un système universel par points.
Cette réputation de sérieux et de compétence, Jean-Jacques Marette l’a acquise notamment en étant l’artisan de l’unification des régimes Agirc (celui des cadres) et Arrco (celui des non-cadres), devenue effective le 1er janvier 2019. Le point d’orgue d’un long processus, qui a vu 47 régimes complémentaires aux paramètres différents fusionner en cinquante ans. Avant de diriger l’Arrco puis l’Agirc-Arrco entre 1997 et 2015, ce titulaire d’une maîtrise de droit public à la faculté de droit de Caen avait été directeur technique et gestion du groupe de protection sociale AG2R, puis directeur général de l’association de prévoyance Bayard.
Membre du Conseil d’orientation des retraites
Il a pris sa retraite en 2015, mais a continué de siéger au Conseil d’orientation des retraites (COR), dont il est toujours membre aujourd’hui. Il a également continué d’avoir sa place au conseil d’administration des usagers du GIP (groupement d’intérêt public) Info-retraites, et a mené une mission sur la mise en place d’une base de carrières unique, le RGCU (répertoire de gestion des carrières unique), qui permet de recueillir l’ensemble des informations pour un même actif, quel que soit son statut.
Après l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, ce père de deux grands fils, marié à une médecin hospitalière dont le père était député RPR de la Manche, a participé, dans l’ombre, à la réflexion sur la réforme des retraites. Comme François Bayrou, c’est un partisan du système par points, dans lequel un actif cotise et accumule chaque année un certain nombre de points, converti en pension lors de son départ à la retraite. Dans une vidéo de 2018 mise en ligne par le ministère de la Santé sur YouTube, on le voit ainsi défendre le système universel promu par Emmanuel Macron, qui, dit-il, va «progressivement supprimer la complexité».
L’annonce du choix de cet homme d’expérience pour animer le conclave sur les retraites est plutôt bien accueillie par le patronat. «Jean-Jacques Marette est quelqu’un de bien, il est un fin connaisseur des sujets retraites», a réagi auprès de Franceinfo Michel Picon, président de l’Union des entreprises de proximité (U2P). François Asselin, le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CPME), juge lui cette annonce «positive».