Retraites : après son « non » aux 62 ans, François Bayrou en remet une couche et saborde les négociations

Le conclave sur les retraites prend l’eau de toutes parts et c’est son promoteur qui a tiré la plus grosse torpille. Depuis le 27 février, les syndicats et le patronat discutent pour tenter d’améliorer la réforme des retraites de 2023, qui avait notamment conduit à repousser l’âge de départ à 64 ans, contre 62 précédemment.

Des discussions rendues complexes par la mauvaise volonté des organisations patronales, qui ont d’emblée semblé exclure tout retour aux 62 ans. Le Medef a même plutôt plaidé pour « pousser un peu plus loin ». Les syndicats, de leur côté, s’opposent catégoriquement au statu quo.

Plus grand monde n’espérait la signature d’un accord ambitieux, mais voilà que François Bayrou a définitivement enterré les espoirs des plus optimistes. En écartant, ce week-end, tout retour aux 62 ans, le premier ministre a donné l’impression aux négociateurs qu’ils débattaient dans le vent et crédibilisé la thèse d’une négociation mascarade, brandie dès le début par ses opposants.

Bayrou savonne la planche

Ce mardi 18 mars, François Bayrou s’est même permis le luxe d’en rajouter une couche, afin d’expliciter ses propos : « J’ai répondu en conscience dimanche et je ne crois pas que, qui que ce soit qui travaille sur ce sujet, puisse prétendre qu’on peut revenir à la retraite à 62 ans. Et je suis persuadé que les partenaires sociaux, dans leur ensemble, en viendront à une conclusion de cet ordre. »

En faisant la démonstration de son intransigeance, Bayrou savonne la planche de ses propres ministres, qui se démènent justement pour tenter de sauver les négociations et faire oublier sa sortie de dimanche. « Les syndicats peuvent regarder (la question d’un retour à 62 ans) si tant est que l’équation financière est là et qu’il y a un compromis aussi avec le patronat », avance prudemment la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet.

Mais il reste à savoir s’il y aura encore du monde autour de la table pour construire ledit compromis. L’U2P (organisation patronale) vient d’annoncer publiquement son intention de claquer la porte des négociations, fragilisant encore un peu plus le processus. Pour le coup, l’U2P reproche plutôt au gouvernement de se montrer trop timoré. « Est-il vraiment sérieux, dans (un) contexte de déficits structurels et de projections alarmantes, de continuer à emprunter la voie d’un retour de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans ou d’une réduction de la durée d’activité requise ? » s’interroge-t-elle dans son communiqué. On comprend surtout que l’U2P cherchait un prétexte depuis plusieurs jours pour quitter la table des négociations.

En attendant, le nombre de participants se réduit à vue d’œil. Rappelons que FO avait décidé de partir dès le début, anticipant une discussion impossible. La CGT a entamé la consultation de ses différentes structures (unions départementales et fédérations), qui devrait durer jusqu’au mercredi 19 mars en fin d’après-midi, avant de prendre une décision. À la confédération de Montreuil, on se dit « furieux de l’attitude du gouvernement, qui ferme explicitement la porte à toute remise en question de la réforme ».

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