Budget 2026 : "Nous censurerons si François Bayrou maintient ses mesures injustes", prévient Yoann Gillet, député RN du Gard
À l'occasion du dernier Conseil des ministres avant les vacances de l'exécutif, mercredi 30 juillet, Alexandre Peyrout reçoit dans "La Matinale" Yoann Gillet, député du Gard et porte-parole du Rassemblement national, dont le vote d'une motion de censure à la rentrée pourrait faire basculer le gouvernement de François Bayrou.
Ce texte correspond à la retranscription d'une partie de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.
Alexandre Peyrout : Dans quelques heures aura lieu le dernier Conseil des ministres avant les vacances. Est-ce qu'ils doivent s'attendre à tomber à la rentrée, ces ministres ?
Yoann Gillet : Écoutez, nous avons été très clairs. Nous censurerons le gouvernement s'il y a des hausses d'impôts, s'il y a encore des efforts qui sont demandés aux Français alors que l'État lui-même ne se serre pas la ceinture. Ce que nous disons, avec Marine Le Pen et Jordan Bardella, depuis des semaines, des mois, même, c'est que l'État doit se serrer la ceinture. Aujourd'hui, il y a des économies à faire en réformant de manière structurelle l'État avec ces agences gouvernementales qui coûtent très cher, 80 milliards d'euros dans leur globalité, alors même qu'un certain nombre n'est pas efficace. Ce sont des économies à faire également en matière d'immigration. D'ailleurs, les Français le souhaitent. Aujourd'hui, l'immigration nous coûte très cher et nous sommes en capacité, dès 2026, de faire 18 milliards d'euros d'économies sur ce sujet. Mais aussi sur la contribution de la France à l'Union européenne, puisque la France continue de donner toujours plus à l'Union européenne. Il y a là des milliards d'euros à faire d'économies. Alors, avant de s'en prendre encore aux Français, aux travailleurs, aux retraités, nous disons au gouvernement, à François Bayrou, qu'il faut d'abord se serrer la ceinture.
"Nous comptons utiliser la censure pour protéger les Français"
Sauf que ce dont vous parlez, ce sont des coupes dans la santé notamment, cette année blanche qui va faire mécaniquement augmenter les impôts de certains Français. Pourquoi vous cacher derrière votre petit doigt, parce que c'est au programme ? Vous allez censurer, oui ou non ?
Nous censurerons si François Bayrou maintient ses mesures injustes.
Vous comptez essayer de le faire plier, François Bayrou ?
Nous avons censuré Michel Barnier en décembre 2024 pour protéger les Français. Nous avons ainsi réussi à réindexer les pensions de retraite sur la flexion, à stopper l'augmentation du prix de l'électricité. Donc nous comptons utiliser la censure pour protéger les Français. Mais si François Bayrou recule et revient à la raison, alors nous pourrons travailler sérieusement. Nous, ce que nous souhaitons, c'est faire des réformes structurelles. Je rappelle d'ailleurs que dans le budget présenté par François Bayrou, il n'y a que 2 milliards d'euros sur près de 44 milliards d'euros d'économies réelles sur le train de vie de l'État. Ce n'est pas acceptable. L'État doit se serrer la ceinture avant de demander aux Français de faire des efforts.
Pourquoi ne pas avoir censuré plus tôt ? Voilà huit mois que François Bayrou est au pouvoir. Vous n'avez pas eu le temps de voir que finalement, elle ne vous satisfaisait pas, cette politique ?
Mais la censure, c'est un acte fort. Et nous, au Rassemblement national, nous censurons le gouvernement quand il y a matière à protéger les Français.
Il n'y avait pas matière jusqu'ici ?
Il n'y avait pas de mesures directes. Aujourd'hui, nous voulons censurer le gouvernement s'il maintient son cap budgétaire. Mais hier, les censures présentées par la gauche n'avaient ni queue ni tête. Parce que vous censurez un Premier ministre, vous censurez un gouvernement, et vous vous retrouvez le lendemain avec un nouveau Premier ministre macroniste. Donc, il faut dire la vérité.
Est-ce que vous pensez que ça sera différent si vous censurez au mois d'octobre ?
Nous protégerons les Français et nous leur éviterons de subir toujours plus un gouvernement qui vient leur voler leur argent.
L'accord UE-USA, "un fiasco total"
Les droits de douane et cet accord passé entre l'Union européenne et les États-Unis ne devraient pas arranger les choses. François Bayrou parle de soumission de l'Union européenne. Est-ce que vous êtes d'accord avec ce constat ?
Évidemment, mais ça me fait doucement rire, quand même, d'entendre François Bayrou dire aujourd'hui ce que le Rassemblement national dit depuis plusieurs années et réaffirme systématiquement. Aujourd'hui, la France est totalement soumise à l'Union européenne et l'Union européenne est totalement soumise au marché américain. Ça, c'est une réalité. Et quand c'est le Rassemblement national qui le dit, c'est un mensonge. Visiblement, aujourd'hui, toute la classe politique donne raison à Marine Le Pen.
Sauf qu'en 2016, Marine Le Pen disait que l'élection de Donald Trump était une chance pour la France. Elle s'est trompée ?
Donald Trump est dans son rôle. Donald Trump défend son pays et défend les Américains. Moi, ce que je constate aujourd'hui, c'est que personne au gouvernement, ni le président de la République d'ailleurs, ne défend la France, l'intérêt de la France et des Français. Et l'Union européenne est dans une idéologie qui lui est propre, et n'a pas défendu les intérêts de l'Europe, pas plus qu'elle n'a défendu les intérêts de la France. Aujourd'hui, ce que l'on voit avec cet accord, c'est que c'est un fiasco total. Économiquement, moralement, il n'y a aucun intérêt pour la France. Au contraire, il n'y a eu aucune contrepartie qui a été négociée. Et cet accord va avoir des répercussions très graves pour la France, notamment pour nos agriculteurs, puisqu'il prévoit d'ouvrir le marché européen davantage aux productions américaines.
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