Mouvement de blocage du 10 septembre : "Le seul rapport de force que peuvent comprendre les macronistes, c'est le rapport de force économique", assure Clémence Guetté, députée LFI du Val-de-Marne
En officialisant son soutien au mouvement de blocage du mercredi 10 septembre, La France insoumise s'inscrit en opposition frontale au gouvernement de François Bayrou, qu'elle compte censurer avec le dépôt d'une nouvelle motion le 23 septembre prochain. Invitée des "4V" lundi 25 août, la députée LFI du Val-de-Marne Clémence Guetté revient face à Cyril Adriaens-Allemand sur les objectifs de son parti, et sur ses propositions pour le budget 2026.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Cyril Adriaens-Allemand : Cet après-midi à 16h, le Premier ministre tiendra sa conférence de presse de rentrée. Le budget sera au cœur de son intervention. Est-ce que vous dites ce matin, de toute façon, quoi qu'il dise, nous le ferons tomber ?
Clémence Guetté : C'est une évidence. On a déjà voulu le faire tomber pendant tout l'hiver dernier, on a déposé six motions de censure. Si l'extrême droite et le Parti socialiste les avaient votées, François Bayrou serait déjà tombé. On est au deuxième budget austéritaire pour les Français. C'est 44 milliards d'euros qu'il veut aller chercher sur le repos, la suppression des jours fériés, dont le 8 mai, la victoire contre le nazisme.
Vous ne partagez pas ce diagnostic, qu'il faut baisser les déficits et faire des économies ?
Je termine sur le budget. Donc les jours fériés, l'année blanche, ça signifie que toutes les allocations, les pensions de retraite, tout va baisser. Le déremboursement des médicaments, notamment pour les maladies chroniques, le diabète... Ce budget contient un tas d'horreurs pour casser les services publics pour le droit au repos des Français. Il n'y a rien à sauver, c'est un budget absolument terrible. La contribution des hauts revenus a été votée déjà plusieurs fois à l'Assemblée nationale et elle a été enlevée par 49.3 par le gouvernement de Monsieur Bayrou. Il y a un totem pour la Macronie de ne jamais s'en prendre aux plus riches. Aujourd'hui, la fortune des milliardaires français, juste les milliardaires français, c'est 544 milliards d'euros, c'est le budget de 4 000 hôpitaux publics, par exemple, en France. Donc il y a un gros problème et vous parliez du déficit. Le 6 % de déficit qu'on connaît aujourd'hui, c'est à cause de la Macronie. Ce sont les cadeaux fiscaux, ce sont les dividendes versés aux actionnaires, ce sont les 1 000 milliards de dettes supplémentaires. Donc, il faut s'en prendre à ce totem, et nous avons des mesures très simples, de l'argent il y en a. Je vous disais qu'il manque 44 milliards aujourd'hui, je vous en trouve 41 milliards en deux mesures. La taxe Zucman sur les très très riches et l'impôt universel sur les entreprises. Le gouvernement y est opposé parce qu'il se fixe ces totems. Je vous rappelle qu'il y a 10 millions de personnes sous le seuil de pauvreté aujourd'hui dans notre pays. Il faut faire quelque chose.
"La négociation, ça a été tenté par le Parti socialiste, l'hiver dernier"
On entend beaucoup en cette rentrée, "bloquer", "censurer". On n'entend pas beaucoup "négocier".
La négociation, ça a été tenté par le Parti socialiste, par exemple, l'hiver dernier. Je vous rappelle que ça a abouti à un conclave absolument bidon sur la réforme des retraites, qu'il faut abroger, que le Parti socialiste n'a rien obtenu, que cette réforme des retraites est toujours en place, et que d'ailleurs, ça fait partie des revendications du mouvement auquel vous faites référence, notamment pour le mercredi 10 septembre, la semaine prochaine. C'est l'abrogation de cette réforme des retraites et surtout, enlever ce budget Bayrou terrible, qui est une déclaration de guerre sociale au peuple français.
La France Insoumise soutient, vous l'avez dit, l'appel au blocage du 10 septembre. Jean-Luc Mélenchon, ce week-end, a appelé à une grève générale. C'est quoi la grève générale du 10 septembre ? Ça veut dire un jour, une semaine, trois mois ?
Il s'agit de bloquer le pays parce que le seul rapport de force que peuvent comprendre les macronistes aujourd'hui, et le président de la République en premier, c'est le rapport de force économique. Il faut leur montrer que cette inégalité du partage des richesses, ça n'est pas possible. Qui produit la richesse de ce pays ? Ce sont les travailleurs. Donc ce mercredi-là, nous disons, c'est aux syndicats de le faire, de convoquer évidemment leurs troupes, de leur dire de se mobiliser, mais nous leur disons, venez en appui de cette riposte populaire qui s'organise, c'est un mouvement spontané.
Sophie Binet dit que c'est un mouvement nébuleux, ce blocage du 10 septembre...
La CGT a appelé à soutenir le mouvement du 10 septembre, notamment certaines fédérations de la CGT. C'est le cas aussi de Force ouvrière. Et vous le savez, ils en discutent la semaine prochaine.
"La stratégie du chaos, c'est faire en sorte que toujours ce soient les mêmes qui payent dans ce pays"
Est-ce que Jean-Luc Mélenchon souhaite que ce 10 septembre soit une démonstration de force ? Est-ce que, comme le dit le ministre de l'Intérieur, c'est la stratégie du chaos ?
La stratégie du chaos, de mon point de vue, c'est faire en sorte que toujours ce soient les mêmes qui payent dans ce pays. Vous savez, il y a une revendication aussi dans ce mouvement, c'est la question de l'impôt. Derrière la question de l'impôt, il y a, qui participe à alimenter nos services publics, et qui s'en met plein les poches. Ce sont toujours les mêmes qui, aujourd'hui, participent, notamment avec la TVA, qui, comme vous le savez, est un impôt que tout le monde paye et qui est extrêmement injuste. Et ce sont ces milliardaires, ces très très riches, qui se sont enrichis au détriment de la communauté nationale. Donc nous disons qu'il faut un petit peu de justice sociale et qu'une mobilisation populaire, ça n'est pas le chaos. N'en déplaise à Monsieur Retailleau, nous avons encore le droit de faire grève, nous avons encore le droit de manifester dans ce pays. Et donc nous nous appelons, La France Insoumise, les Insoumis, à venir au service de ce mouvement. Il ne s'agit ni de le récupérer, ni de le surpasser, il s'agit de venir accompagner cette mobilisation.
Vous avez compris qui était derrière ce mouvement ? Parce qu'on dit qu'il pourrait y avoir des groupuscules souverainistes, peut-être de l'extrême droite.
Vous savez, ce que nous avons vu, c'est qu'une fois de plus, quand il y a une mobilisation populaire, l'extrême droite sera aux abonnés absents. Elle a déjà dit que cette mobilisation fait peur, etc. L'extrême droite, c'est très logique d'ailleurs, vient en appui de la macronie. Madame Le Pen a refusé que la motion de destitution de Monsieur Macron soit examinée. Elle a refusé aussi que ses troupes censurent le gouvernement de Bayrou, alors même que ses budgets étaient déjà en train de faire les poches aux Français, qu'ils souffrent et qu'ils galèrent. Donc que l'extrême droite soit absente de ces mobilisations, ça ne nous étonne pas du tout.
Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.