Édito. Budget 2026 : conférences de presse, appels à la raison... La stratégie de la dernière chance de François Bayrou
L’ascension de l’Himalaya n’a pas encore débuté que voilà déjà l’aventurier François Bayrou suspendu au-dessus du vide ! "Dernière station avant la falaise", osait-il lors de sa conférence de presse du 13 juillet. Pour tenter d’apaiser une rentrée qui s’annonce explosive, le Premier ministre donnera une nouvelle conférence de presse lundi 25 août à 16 h. Celle-ci intervient juste avant la rentrée : une manière de se mettre seul sous la lumière des projecteurs. Soit une méchante piqûre de rappel pour ceux qui ont tout suivi, ou une session de rattrapage pour les autres, qui auraient profité des vacances et de l’été. Il rêve que les Français tiennent à bout de bras la corde de rappel. Édito.
Pour éviter le précipice sa stratégie n’a pas changé. François Bayrou souhaite prendre les Français à témoin, tenter de les convaincre, tableau noir à l'appui. Il a choisi de dramatiser, avec l’espoir que se propage un électrochoc. Le Premier ministre souhaite s’en remettre au bon sens des Français. Si c’était un test, il a échoué, en témoigne les audiences ultra-confidentielles pour ses vidéos et podcasts de l’été.
Son entourage le raconte enfermé à Matignon, privé de vacances, menant une vie de moine. François Bayrou en fait une "main tendue" aux Français, mais combien ont changé d’avis sur la plage ou au retour du camping ? Probablement aucun.
Voilà encore la preuve que François Bayrou veut mourir en martyr, tout tenter, persuadé d’avoir eu raison avant tout le monde, d’être plus courageux que les autres, que son lien avec le pays n’en sera que renforcé. Un deuxième président qui espère que l’histoire lui donnera raison, mais le ciel s’est assombri, cet été, au-dessus de sa tête !
Confronté lui aussi au risque de censure
Les éléments se déchaînent. Le temps se couvre, le vent souffle un peu plus fort encore. Des appels à tout bloquer le 10 septembre ont été lancés sur les réseaux sociaux. Impossible de l’ignorer : le pays est à fleur de peau, malgré des consignes farfelues comme vider son compte en banque ou se confiner. « "Comment défendre cela ?", s’interrogeait le Premier ministre dans Le Parisien, dimanche 24 août.
Au risque d’affaiblir le mouvement, Jean-Luc Mélenchon appelle à la grève générale. La France insoumise, comme le Rassemblement national remontent le son : censure, censure, censure, entend-on. Cet été, rien n’a changé. François Bayrou n’a toujours pas de majorité. La coalition censée le soutenir, avec Les Républicains, est chancelante. Des députés, même amis, doutent. Son seul soutien face à la tempête reste Emmanuel Macron, qui l’a reçu au fort de Brégançon jeudi , louant leur amitié, leur compagnonnage.
Que faire pour éviter la chute, quand on est un homme seul ? Un discours de rentrée mardi devant le premier syndicat du pays, la CFDT. Un autre devant les patrons, au MEDEF, jeudi ? Sinon des consultations, des négociations, les yeux braqués sur le Parti Socialiste, le seul avec qui discuter, même si Olivier Faure appelle à donner un débouché politique au mouvement du 10 septembre ! La censure comme seule perspective, le signe que les éléphants ont la dent dure. François Bayrou a trouvé le refrain. "On ne peut pas empêcher les gens d’être suicidaires", dit-il. Curieusement, cela vaut aussi pour lui.