Budget 2026 : après les annonces de Bayrou, le RN agite le spectre de la censure

François Bayrou le sait parfaitement. Sa survie à la tête du gouvernement ne tient qu’à une chose : se ménager les bonnes grâces du Rassemblement national (RN). Les discussions sur le budget qui débuteront cet automne, dont il a présenté les grandes lignes mardi 15 juillet, verront-elles naître un accroc dans cette romance quelque peu toxique ?

Dans la foulée des annonces sur la cure d’austérité à venir, Jordan Bardella, le président du RN, s’est offusqué du choix de supprimer « deux jours fériés, par ailleurs aussi chargés de sens que le lundi de Pâques et le 8 mai. (…) Aucun député RN n’acceptera cette mesure, qui relève de la provocation ». Pour ce qui est des autres mesures de saignée sociale, il faudra revenir.

Le lendemain, le « monsieur économie » de Marine Le Pen, le député Jean-Philippe Tanguy, s’est démultiplié dans les médias pour marteler la même musique. « Il est inacceptable, après sept ans de Macronisme, qu’il soit tellement incapable de se réformer et de couper dans les mauvaises dépenses qu’il n’ait rien d’autre à proposer que de faire travailler encore plus ceux qui travaillent dur », a-t-il rudoyé sur France Inter.

À l’antenne d’Ici Picardie, le parlementaire a évoqué une « spoliation » : « On va prendre deux jours fériés aux Français alors qu’on leur en a déjà pris un. On spolie les Français, c’est-à-dire qu’on prend l’argent de leur travail. »

Le RN comptable du budget austéritaire

Marine Le Pen, elle, a fait savoir que les députés du RN pourraient censurer le gouvernement sur ce budget. « Si François Bayrou ne revoit pas sa copie, nous le censurerons », a-t-elle prévenu sur son compte X. Manière pour elle de replacer son mouvement en tant que faiseur de gouvernement après avoir participé à la chute de Michel Barnier

Cette sortie permet aussi de faire oublier que le RN est d’une certaine manière comptable de ce budget austéritaire. Début juillet, après l’échec du « conclave » sur les retraites, le Parti socialiste avait déposé une motion de censure, que Marine Le Pen avait refusé de voter, prétextant que, « la censure qui interviendrait aujourd’hui, quel est le bénéfice pour les Français ? Zéro ». Peut-être leur permettre de partir en vacances l’esprit un peu plus tranquille ?

Surtout, en concentrant ses critiques sur la suppression de ces deux jours fériés, une mesure qui pèse finalement assez peu au regard de l’objectif des 40 milliards d’économies, le RN se ménage une belle porte de sortie. En retirant du débat budgétaire cette mesure et en acceptant d’intégrer les demandes d’économies sur l’immigration réclamées par le parti à la flamme, François Bayrou pourrait espérer que les troupes marinistes n’associent pas leurs voix à une motion de censure que la gauche a d’ores et déjà annoncé déposer à la rentrée.

Cette configuration aurait un double effet. Pour le RN, d’éviter le risque d’une dissolution alors qu’avec sa peine de cinq ans d’inéligibilité, sanction pour laquelle elle a fait appel, Marine Le Pen ne pourrait pas se représenter à son poste de députée, au risque de perdre en influence. Quant à François Bayrou, de devoir rendre son tablier de premier ministre. Un pacte faustien.

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