Budget : le gouverneur de la Banque de France appelle à lutter contre la "maladie" de la dette

Alors que la préparation du budget 2026 débute dans un contexte de finances publiques en berne, François Villeroy de Galhau a livré jeudi 12 juin sur franceinfo son analyse sur les défis à venir pour l'économie française. Après avoir salué la victoire sur l'inflation, qu'il qualifie de "maladie aiguë", il met en garde contre deux autres "maladies" persistantes : "la croissance trop molle en France et en Europe" et "la dette trop élevée en France".

Le gouvernement doit trouver 40 milliards d’euros pour espérer rééquilibrer les comptes et stabiliser la dette. "Le budget 2026, c'est une étape sur la guérison de cette maladie. C'est une étape qui ne suffira pas. Il faut un effort sur plusieurs années parce que pour stabiliser cette fameuse dette qui ne cesse d'augmenter par rapport au PIB, il faut ramener le déficit sous 3%, explique-t-il. Nous partons probablement cette année de 5,4% de déficit", dit-il précisant que cet objectif est "atteignable".

"L'Etat doit faire plus d'efforts que les autres"

Le gouverneur appelle à un effort annuel, atteignable selon lui par "la stabilisation des dépenses publiques totales". François Villeroy de Galhau se veut rassurant : "Ce n'est pas une austérité sauvage, des coupes globales, etc. Il se trouve que la France a les dépenses publiques les plus élevées d'Europe et du monde. On dit : on les stabilise en termes réels, c'est-à-dire après inflation." Le gouverneur rappelle que l'État ne représente qu'un tiers des dépenses publiques, les deux autres tiers étant constitués des dépenses sociales et locales. Il appelle donc à "un effort de tous, juste et partagé", tout en soulignant que "l'État doit être exemplaire" et probablement faire "plus d'efforts que les autres".

L’hypothèse d’une "année blanche" revient dans les discussions autour du budget 2026. Cette mesure marquante pourrait entraîner des réductions dans les dépenses sociales. "Peut-être une piste possible", selon François Villeroy de Galhau. Mais pour lui, la question de la dette reste centrale : "Nous ne pouvons pas continuer à avancer en somnambules. Là aussi, il faut ouvrir les yeux. 30 milliards de charges d'intérêts au début de la décennie, en 2020, 100 milliards en 2030. Tout cet argent chaque année qu'on doit consacrer à payer les intérêts de la dette, c'est autant qu'on n'a pas pour les dépenses d'avenir, pour notre défense, pour le climat ou pour l'éducation des jeunes", souligne-t-il.