Avec des taux de crédits moyens à 3,1%, le gouverneur de la Banque de France estime que «c’est le bon moment pour emprunter»

«Nous voyons que les taux moyens des crédits immobiliers ont encore baissé , on est en moyenne autour de 3,1%», s’est félicité François Villeroy de Galhau ce vendredi matin, alors que la Banque centrale européenne (BCE) vient d’abaisser pour la huitième fois cette année son principal taux directeur. Invité de la matinale de France 2, le gouverneur de la Banque de France a rappelé qu’au début de l’année 2024, la moyenne de ces taux se situait «autour de 4,2%». «Donc vous voyez, c’est une baisse très sensible, c’est le bon moment pour emprunter», a-t-il estimé, satisfait de la reprise de la bonne dynamique des emprunts en France. «Il y a un volume encore en hausse d’emprunts immobiliers à 12,6 milliards d’euros», a-t-il poursuivi.

La production CVS de crédits à l’habitat (hors renégociations) a en effet à nouveau «augmenté en avril pour atteindre 12,6 milliards d’euros, après avoir atteint 12 milliards d’euros en mars, dépassant sa moyenne depuis 2011 (12,1 milliards d’euros)», a communiqué la Banque de France ce vendredi matin. «Grâce à cette reprise soutenue de la production, le taux de croissance annuel de l’encours de crédits immobiliers aux ménages revient à l’équilibre pour la première fois depuis 12 mois», souligne l’institution, alors que le taux d’intérêt moyen des nouveaux crédits à l’habitat poursuit sa baisse en avril, à 3,13 % pour les opérations hors renégociations, après 3,20 % en mars. Enfin, l’utilisation de la marge de flexibilité autorisée par la norme du Haut conseil de la stabilité financière (HCSF) a atteint 15,9% en avril.

De bonnes nouvelles pour les Français, semble penser François Villeroy de Galhau. À titre de comparaison, «dans les pays qui n’ont pas l’euro, les ménages paient plus cher leur crédit immobilier», a-t-il assuré, convaincu que «l’euro protège la capacité à emprunter». «Quand un ménage français emprunte à 3,1% en moyenne, le même ménage anglais paierait 4,5% de crédit immobilier et plus de 6% pour un ménage américain». Quant à savoir s’il les taux des crédits immobiliers pourraient encore baisser en France, le patron de la Banque de France a estimé qu’il y aurait «forcément un moment où cela va s’arrêter». Et de souligner : «On ne retrouvera pas les taux exceptionnellement bas autour de 1,5% qu’on avait il y a 4 ans (...) si je regarde ce 3,1%, il est déjà inférieur à la moyenne historique qu’on a connue depuis l’année 2000 qui était plutôt autour de 3,5%».

«Nous avons gagné la bataille de l’inflation, mais pas celle de la dette»

Également interrogé au sujet des effets de droits de douane américains, le gouverneur de la Banque de France a jugé qu’il était «important de dire» qu’il n’y avait «pas d’effet d’inflation en Europe». «Nous avons gagné la bataille de l’inflation en Europe», a-t-il affirmé, avec un taux inférieur à 1% en France, et 1,9% à l’échelle européenne. Pour autant, cette stabilisation ne signifie pas que les prix en rayons baissent, juste qu’«ils arrêtent d’augmenter», a-t-il rappelé, assurant qu’«on ne reviendra pas en arrière». «Entretemps, les salaires et les retraites ont aussi augmenté, conséquence positive de l’euro qui est une bonne monnaie», a-t-il poursuivi, la qualifiant de «pôle de stabilité dans un monde incertain».

Et s’il ne croit pas à la «maladie inverse» que serait la déflation - contre laquelle nous aurions de toute façon «les moyens d’agir» - François Villeroy de Galhau a estimé qu’il restait d’autres «maux à guérir». «Le mal français, c’est la dette et le mal européen, c’est la croissance qui est trop faible», a-t-il expliqué. Et face aux taux d’intérêt très élevés de la dette que la France doit payer chaque année, le gouverneur a exhorté les pouvoirs publics «à dépenser mieux et à globalement stabiliser le total de nos dépenses publiques, après la prise en compte de l’inflation». «On ne le sait peut-être pas assez, mais nous avons les dépenses publiques les plus élevées au monde», a-t-il déploré enfin, rappelant par exemple que rien que notre système social - aussi bon soit-il - coûtait «beaucoup trop cher» et «représentait désormais 9% de notre PIB».