Union européenne : la nouvelle Commission affiche aussi son soutien à l'Ukraine

Union européenne : la nouvelle Commission affiche aussi son soutien à l'Ukraine

Ursula von der Leyen a créé un poste de commissaire européen à la Méditerranée, signe de sa volonté de ne pas négliger d'autres régions, également cruciales pour l'avenir de l'UE. Johanna Geron / REUTERS

La création du poste de commissaire à la Défense, inédit à Bruxelles, est une décision personnelle d’Ursula von der Leyen, qui a fait du renforcement de la défense européenne l'une des priorités de son nouveau mandat de cinq ans à la tête de la Commission.

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La nouvelle Commission européenne envoie un message clair de fermeté à la Russie en confiant la politique étrangère et la défense de l'UE à deux Baltes, fervents défenseurs d'une aide accrue à l'Ukraine en guerre.

La nomination de l'ancienne première ministre estonienne Kaja Kallas au poste de cheffe de la diplomatie européenne était connue depuis le mois de juin. La nomination d'un autre ancien premier ministre balte, le lituanien Andrius Kubilius, au poste de nouveau commissaire à la Défense est officielle depuis mardi.

Signal fort envoyé à Vladimir Poutine

Ces deux responsables doivent encore recevoir l'aval des eurodéputés. Mais le choix de ces deux anciens dirigeants baltes envoie d'ores et déjà un signal fort au président russe Vladimir Poutine : l'UE se tient fermement derrière l'Ukraine. «Nous n'investissons pas suffisamment dans la sécurité de l'Ukraine et dans notre propre défense», a martelé mardi devant ses collègues eurodéputés Andrius Kubilius, avant même que sa nomination ne soit annoncée par Ursula von der Leyen.

La création du poste de commissaire à la Défense, inédit à Bruxelles, est une décision personnelle de la présidente de la Commission qui a fait du renforcement de la défense européenne l'une des priorités de son nouveau mandat de cinq ans à la tête de la Commission.

Les deux responsables baltes se voient ainsi confier la tâche de présenter d'ici cent jours un «livre blanc» sur une union européenne de la Défense. Ils travailleront en étroite collaboration avec l'une des nouvelles vice-présidentes de la Commission, Henna Virkunnen, dont le pays d'origine, la Finlande, regarde depuis longtemps avec méfiance son grand voisin russe.

«Rééquilibrage» 

La Pologne, autre soutien en première ligne de l'Ukraine, a obtenu de son côté le portefeuille du budget, crucial dans les discussions à venir sur le financement du renforcement de la défense européenne ou de l'aide à l'Ukraine. «Je ne dirai pas qu'il s'agit d'un renversement des pouvoirs, mais plutôt d'un rééquilibrage», juge un diplomate d'un pays d'Europe de l'Est.

Après plus de deux ans et demi de guerre en Ukraine, «il est bon que l'UE soit prête à utiliser nos connaissances, notre expertise pour le bien commun, pour vraiment résoudre les défis de notre sécurité», a souligné Andrius Kubilius devant quelques journalistes. «Il est clair que Mme von der Leyen veut verrouiller le soutien à l'Ukraine au sein même de la structure de la nouvelle Commission», souligne de son côté Daniel Hegedus, expert de l'Europe centrale et orientale auprès du German Marshall Fund.

Avec une menace russe aussi clairement identifiée, certains redoutent néanmoins que la diplomatie européenne, longtemps domaine réservé des grands pays, oublie le reste du monde, à commencer par l'Afrique ou le Moyen-Orient. «Je ne crois pas que cela signifie nécessairement une exclusion des autres régions», tempère cependant Stefania Benaglia, du Centre for European Policy Studies à Bruxelles.

Faiblesse du couple franco-allemand

Ursula von der Leyen a également souhaité la création d'un poste de commissaire européen à la Méditerranée, signe de sa volonté de ne pas négliger d'autres régions, également cruciales pour l'avenir de l'Union européenne. La Croate Dubravka Suica sera en charge de ce nouveau portefeuille où elle devra mettre en œuvre un nouveau «pacte pour la Méditerranée» et une «stratégie» pour le Moyen-Orient.

Les pays du sud de l'Europe ont d'ailleurs renforcé leur poids au sein de la Commission, fait valoir Daniel Hegedus, signe aussi, selon lui, de la faiblesse actuelle du couple franco-allemand.