REPORTAGE. "Nous avons des listes de gens à capturer" : en Syrie, les anciens soutiens du régime Assad traqués par les nouvelles autorités
Depuis la chute du régime du Bachar al-Assad, en décembre, les nouvelles autorités du HTS ont lancé une campagne de "pacification" dans certaines régions, comme à Homs. Elles recherchent les anciens soutiens du régime pour les désarmer, dans cette ville où cohabitent musulmans sunnites, alaouites - la confession de l’ancien dictateur syrien - et chrétiens. Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées, des armes saisies.
L'opération a débuté à 7h du matin, à Homs."Nous avons été réveillés par le bruit des balles, c'était très fort. Nous ne savions pas ce qui se passait. Personne n'osait quitter sa maison." Ali craint encore de s'exprimer.
Rafid Wassouf, lui, a tout vu et témoigne au micro de franceinfo : "Ils entraient dans les maisons par groupes de deux, trois ou quatre et entraient dans plusieurs maisons en même temps. Il y avait des mitrailleuses dans la rue, un tank, des blindés. Ils frappaient aux portes et si vous n'ouvriez pas, ils la défonçaient."

Pour lui, tout s'est bien passé. Les soldats lui ont demandé de sortir le temps de la fouille et d'emporter argent et bijoux pour éviter tout problème. Mais tous n'étaient pas aussi polis, ajoute-t-il. Plusieurs de ses amis ont constaté des vols. Des hommes armés se faisant passer pour HTS ont aussi profité de l'opération pour racketter ou violenter des alaouites. La peur règne dans la communauté.
"Ce n'est pas que nous avons peur, c'est une humiliation. C'est ce qu'on ressent tous", se désole Rafid Wassouf. "Ils n'ont été que dans les quartiers alaouites. Vous pensez que seuls les alaouites ont des armes ?"
"Nous sommes ici pour protéger tout le monde"
Tous disent aussi leur malaise devant cette question récurrente désormais dans la rue, ces hommes en armes qui demandent qui est sunnite ou alaouite. Près d'une guérite en centre-ville, Mandour Awas, un combattant du HTS, arme automatique en bandoulière, se veut rassurant.

"Nous sommes ici pour protéger tout le monde. Nous ne cherchons pas vengeance. Nous avons des listes de gens à capturer. Nous ratissons les quartiers à leur recherche. Certains rendent les armes, d'autres les jettent."
Il en reste, reconnaît-il. La pacification de Homs n'est pas terminée. Il y a encore des groupes qui veulent créer le chaos. Il y a eu aussi des dérapages dans les rangs de HTS. Une vidéo montre des hommes forcés d'avancer en colonnes, têtes baissées et de braire comme des ânes, alors que fusent les tirs. Un traitement dégradant rappelant les pratiques de l'ancien régime.