Prise de Damas par les HTS, Bachar Al-Assad en fuite… ce que l’on sait de la chute du régime syrien
Dans les rues de Damas (Syrie), l’aube aura été annonciatrice de changements : neuf membres du groupe djihadiste syrien Hayat Tahrir al-Sham (HTS) sont apparus dimanche matin à la télévision publique pour annoncer « la libération de la ville et de tous les prisonniers injustement détenus dans les prisons du régime », ainsi que « la chute du tyran Bachar al-Assad ».
À l’annonce de la prise de la capitale syrienne par les rebelles, des effusions de joie ont retenti parmi les Damascènes et des invocations religieuses ont résonné dans les haut-parleurs des mosquées. « Je n’arrive pas à croire que je suis en train de vivre cet instant », confie un citoyen Syrien en larmes à l’AFP : « C’est une nouvelle histoire qui commence pour la Syrie ».
Le retour de la « Syrie libre »
Après cinquante-quatre ans de pouvoir dont treize (2011-2024) de guerre civile sanglante et plus d’un demi-million de morts, la « maison Assad » (Le père Hafez puis le fils Bachar à partir de 2000) a fini par tomber. Acculé depuis douze jours par une offensive éclair du HTS depuis la province d’Idleb au nord, Bachar al-Assad a quitté la Syrie dans la nuit de samedi à dimanche en s’envolant depuis l’aéroport international de la ville, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, basé au Royaume-Uni. Avec leurs alliés pro-turcs de l’Armée nationale syrienne (ANS), les rebelles du HTS se sont successivement emparés d’Alep (deuxième ville du pays), de Hama plus au sud, puis de Homs cette nuit, avant d’entrer dans la capitale.
La fuite de Bachar al Assad a précédé le retrait des forces armées et de sécurité du régime qui n’ont pas cherché à défendre la capitale. Avant les premières lueurs du jour, cinq puissantes déflagrations ont retenti à Damas, sans que l’on sache quel site était visé. Les combattants ont ensuite repris la sinistre prison de Sednaya – qualifié « d’abattoir humain » – et libéré tous les détenus, dont certains membres de l’organisation de l’État islamique, Daech.
Dans leur déclaration télévisée, les rebelles ont également appelé les Syriens établis à l’étranger à rentrer au pays et à retrouver la « Syrie libre ». Le chef du HTS, Abu Mohammed al-Jolani de son nom de guerre, qui apparaît comme l’homme fort du pays, a exhorté ses troupes à ne pas entrer dans les bâtiments d’État, c’est-à-dire, en clair, à ne pas détruire ni piller. Selon les images diffusées sur les réseaux sociaux, ce sont des hommes du HTS qui ont protégé le dernier Premier ministre, Mohammad al-Jalali. Celui-ci s’est déclaré ce matin disposé à coopérer avec le « leadership » que choisira le peuple syrien. Une déclaration et une protection qui montrent que des négociations se sont déroulées très certainement sous l’égide de la Turquie.
Quel avenir après Bachar al Asad ?
Ankara apparaît comme la grande gagnante de ce changement de régime en Syrie. Des discussions ont eu lieu au Qatar entre la Turquie, la Russie et l’Iran mais ces deux derniers pays n’avaient sans doute pas grand-chose en mains pour négocier ni la maintenance de ses bases navale et aérienne pour Moscou, ni le maintien de ses milices sur place pour Téhéran. Le président turc Erdogan, va très certainement en profiter pour « régler » la question kurde. Les troupes de l’ANS, formées par la Turquie, attaquent déjà Manbij, défendu par les Forces démocratiques syriennes (FDS) à dominante kurde.
Bachar al Asad est tombé, reste à savoir si la Syrie va trouver une nouvelle stabilité ou, au contraire, se balkaniser, ce que préférerait Israël dont les bombardements incessants sur le Hezbollah en Syrie ont permis aux djihadistes du HTS de lancer leur offensive et, in fine, de parvenir à Damas.
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