REPORTAGE. "Nous pouvons envisager d’avoir un avenir" : un mois après la chute de Bachar al-Assad, les Syriens profitent des premières mesures du nouveau régime

Les étals débordent au marché populaire Souk el Al de Damas. Les prix commencent à baisser. Zahra arbore un large sourire. "On achète des choses qu'on n'avait jamais pu goûter avant, explique-t-elle. Même les bananes, on en rapportait à la maison mais c'était juste pour les bébés ou les petits enfants. Nous les adultes, on n'en mangeait pas. La pression que nous ressentions en permanence s'est évanouie. Même le ciel est redevenu le ciel."

Bananes, mais aussi kiwis, canne à sucre, ananas... Des produits rares du temps du régime sont réapparus à des prix abordables. Les commerçants sont, pour l'instant, exemptés de taxes.

Zeynab, qui tient un petit stand de fruits et légumes, se dit soulagée de ne plus être rackettée par le régime : "Il y avait un poids sur nos cœurs : l'injustice et l'oppression. Le loyer pour les stands, tout ça, merci Dieu, nous en sommes débarrassés. Nous sommes libres de parler, le dollar a baissé. Tout ça c'est mieux. Plus de loyer. Et avant, les policiers venaient et se servaient gratuitement...", témoigne-t-elle.

Bachar al-Assad "a détruit le pays"

Parmi les mesures les plus populaires l'annonce du quadruplement du salaire des fonctionnaires et la fin du service militaire obligatoire. "Grâce à Dieu c'est un soulagement pour nous les jeunes, souligne Fadi étudiant à l'université de Damas. Tous les étudiants, nous souffrions à cause de ce service militaire, de l'inconnu qui pesait sur notre avenir. Vous ne saviez pas après vos études où vous iriez, au service  ou à l'étranger, et dans quel pays. Maintenant nous pouvons envisager d'avoir un avenir dans notre pays."

Certes l'eau n'est disponible que quelques heures par jour et l'électricité rare mais cela ne dérange pas Tala. "L'électricité est très mauvaise mais le chef du gouvernement nous a fait des promesses. Vous pensez que tout peut changer en une nuit ? Qu'il peut ramener toutes les lumières à Damas comme ça ? Chaque chose en son temps. L'autre a détruit le pays, il a tout brûlé. Il faut être patient. Cela fait des années que l'on est patient."

Il faudra être encore patient. Le gouvernement doit aussi faire ses preuves pour rassurer toutes les communautés et pacifier un pays toujours en proie aux violences.