L’étendue des dégâts est telle, que les secouristes et les journalistes présents dans la bande de Gaza, démunis et abandonnés, en sont arrivés au point d’entamer une grève de la faim… pour protester contre la famine infligée par Israël. Mahmoud Basal, porte-parole de la Défense civile de Gaza, lui-même à son troisième jour de grève de la faim, a appelé « le monde à s’adapter à la réalité sur le terrain, à agir et à entamer une grève de la faim pour montrer que Gaza n’est pas seule ».
Face à cette extermination coordonnée de près de 2,1 millions de Palestiniens, une centaine d’organisations non gouvernementales (ONG) alertent, mercredi 23 juillet, que la « famine de masse » se propage à une vitesse incontrôlable dans l’enclave dévastée par un génocide. « Nos collègues et les personnes que nous aidons dépérissent », fustigent ainsi les signataires du texte, dont Médecins sans frontières, plusieurs branches de Médecins du monde et Caritas, Amnesty International, ou encore Oxfam international. Elles appellent à un cessez-le-feu immédiat, ainsi qu’à l’ouverture de tous les points de passage terrestres et à la libre circulation de l’aide humanitaire.
La perte d’espoir se répand chez les derniers survivants
« Ma collègue m’a dit samedi qu’elle était allée travailler sans même boire d’eau, qu’elle avait mangé un seul falafel juste pour tenir le coup, et qu’elle s’était quand même présentée au travail », a raconté Bushra Khalidi, responsable des politiques d’Oxfam dans le territoire palestinien occupé, auprès de la chaîne Al-Jazeera. Elle a aussi profité de sa prise de parole pour alerter sur la perte d’espoir se répandant chez les survivants. Ladite collègue a ainsi avoué ne plus croire « aux entretiens ou appels à l’aide ». Ces derniers n’ont, selon elle, aucun effet. « C’est pourquoi elle n’est pas ici aujourd’hui avec nous et ne vous parle pas, et c’est pourquoi je suis ici à la place », explique Bushra Khalidi.
« Il suffit de regarder l’horreur qui se déroule à Gaza, avec un niveau de mort et de destruction sans équivalent dans l’histoire récente. La malnutrition explose. La famine frappe à toutes les portes », a enjoint, mardi 22 juillet, le secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres. Ce dernier appelle les États membres à se réveiller, afin de mettre un terme à ce « spectacle d’horreur ». Pendant que les puissances mondiales tergiversent, le peuple palestinien tente de contenir une hécatombe. À Gaza-ville (nord), le directeur de l’hôpital Al-Chifa, Mohammed Abou Salmiya, a comptabilisé, mardi 22 juillet, « 21 enfants morts de malnutrition ou de faim » en seulement 72 heures dans plusieurs hôpitaux.
« Nous avons entendu des parents bouillir des feuilles d’arbres pour nourrir leurs enfants, des travailleurs humanitaires brûler leurs propres vêtements pour cuire les derniers restes de lentilles qu’ils ont, raconte Bushra Khalidi. Des mères que nous avons rencontrées ont dit : « Mon fils est mort de faim, littéralement sous mes yeux, parce que son corps n’en pouvait plus ». » La responsable des politiques d’Oxfam conclut : « Il ne s’agit pas d’un échec humanitaire, il s’agit d’une politique délibérée, et l’aide est bloquée. »
Près de 1 000 civils qui cherchaient à obtenir de l’aide tués depuis fin mai
Plus de 1 000 civils qui cherchaient à obtenir de l’aide humanitaire – dont la grande majorité près de centres de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) – ont été tués par l’armée israélienne depuis fin mai, accuse le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU. Israël préfère persister dans sa ligne de défense : reporter la faute exclusive de la souffrance des civils palestiniens sur le dos du Hamas. De même pour la GHF, qui adopte la même rhétorique. L’organisation palestinienne serait ainsi à l’origine du désastre humanitaire en cours, en volant la nourriture distribuée pour la revendre à des prix exorbitants ou en tirant sur les personnes qui attendent l’aide.
Les autorités israéliennes affirment même laisser passer des quantités importantes d’aide. Des déclarations que les ONG dénoncent allègrement depuis plusieurs mois. « Juste à l’extérieur de Gaza, dans des entrepôts – et même à l’intérieur – des tonnes de nourriture, d’eau potable, de fournitures médicales, de matériel d’hébergement et de carburant restent inutilisées, les organisations humanitaires étant empêchées d’y accéder ou de les livrer », a rétorqué la centaine d’organisations signataires de l’appel.
La porte-parole de l’administration Trump, Tammy Bruce, a annoncé que l’émissaire Steve Witkoff se rendrait cette semaine en Europe, afin de finaliser un « corridor » pour l’aide humanitaire. Selon la Maison Blanche, l’objectif est de parvenir à « un nouveau cessez-le-feu ». Soit une énième promesse d’arrêt des massacres tenue par le principal allié d’Israël, alors que des innocents tombent les uns après les autres depuis près de 21 mois.
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