À Gaza, une aide humanitaire au compte-goutte sous les tirs israéliens

Déjà en proie à une famine généralisée, les Gazaouis subissent humiliation et avilissement, là où devrait s’organiser une réponse humanitaire face à une urgence absolue. Des vidéos témoignent de l’horreur : des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants agglutinés, contraints de patienter des heures, dans l’espoir de recevoir l’un des rares colis distribués par la Fondation humanitaire pour Gaza (GFH). Des scènes déshumanisantes où des centaines de Palestiniens courent au péril de leur vie vers ces centres.

Ce qui devait représenter une lueur d’espoir devient une nouvelle forme de souffrance collective. Depuis la reprise très partielle de l’aide humanitaire le 19 mai – après deux mois de blocus total –, les distributions se déroulent sous le feu des armes israéliennes. Jeudi encore, 13 morts et 200 blessés ont été recensés près d’un centre à Netzarim, selon des sources médicales locales. Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha) rapporte d’autres attaques meurtrières à Rafah et Deir al-Balah. L’armée israélienne n’hésite pas à ouvrir le feu sur la foule. Depuis la mise en place de ce dispositif, 224 Palestiniens auraient été tués et 1 858 blessés près des points de distribution.

En violation du droit humanitaire international, Israël refuse l’accès aux agences de l’ONU et ONG chargées de la distribution, invoquant un risque de détournement par le Hamas. Seuls quelques camions ont été autorisés à entrer au compte-goutte depuis mai. Encore aujourd’hui, plus de 140 000 tonnes de nourriture restent bloquées par Tel-Aviv. La seule entité autorisée à acheminer l’aide est la GFH, créée par Israël et soutenue par les États-Unis, qui détermine les quantités qui passent à Gaza. Loin de stopper la famine, ce système la perpétue. L’Ocha alerte sur l’urgence de faire entrer 10 000 tonnes supplémentaires pour répondre aux besoins vitaux des civils palestiniens.

Poursuivis par la faim, la majorité des Palestiniens repartent les mains vides. D’autres y laissent la vie, piégés entre les tirs israéliens et les violences de groupes armés. Alors que les centres sont gardés par des sociétés de sécurité privées américaines, elles-mêmes sous commandement israélien et que 80 % du territoire est militarisé, la sécurité des 2 millions de Gazaouis repose sur l’arbitraire. Des gangs criminels pillent les convois, traquent et tuent les affamés. Israël a reconnu avoir armé des milices « opposées » au Hamas. Les soupçons se multiplient sur leur rôle dans ces exactions visant à semer la terreur, pousser les Gazaouis à fuir, et faciliter un projet de nettoyage ethnique.

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