À Gaza, le piège humanitaire de Benyamin Netanyahou sur les civils
Les mots de Donald Trump déplaisent peut-être parfois à Benyamin Netanyahou, mais le premier ministre israélien sait qu’il peut compter sur les actes du président américain. Alors que l’armée israélienne a provoqué un nouveau massacre, Washington s’apprêtait mercredi 4 juin à opposer son veto à l’ONU à un projet de résolution réclamant un cessez-le-feu et l’accès humanitaire à Gaza.
La veille, l’administration Trump avait nommé Johnnie Moore, un pasteur évangélique à la tête de la Fondation humanitaire de Gaza (FHG), la nouvelle organisation au financement opaque soutenue par les États-Unis et Israël afin d’évincer les organisations internationales et les Nations Unies. Cette organisation a débuté ses opérations il y a un peu plus d’une semaine, après la levée très partielle d’un blocus total imposé par Israël pendant plus de deux mois, privant la population de Gaza de toute aide humanitaire.
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme dénonce des « crimes de guerre »
C’est d’ailleurs près d’un centre de cette même FGH que vingt-sept personnes ont été tuées mardi dans le sud de la bande de Gaza quand des soldats israéliens ont ouvert le feu. L’armée a indiqué avoir ouvert une enquête dont l’issue sera certainement semblable aux précédentes : aucune responsabilité assumée par Tel-Aviv. Deux jours auparavant, le même scénario s’était déjà joué, avec un bilan de 31 morts. Le secrétaire général de l’ONU. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a lui dénoncé des « crimes de guerre ».
Mais, pour les États-Unis, ces morts ne semblent pas vraiment compter. Un porte-parole du département d’État a estimé que l’action de la nouvelle organisation était une « réussite ». « Ils ont réussi à distribuer des repas. Et en même temps, nous allons bien sûr examiner la situation et comment nous pouvons peut-être encore améliorer les choses », a déclaré Tammy Bruce, comme s’il évoquait des problèmes d’intendance.
L’ONU et de nombreuses ONG refusent de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité, craignant qu’elle n’ait été créée pour servir les buts militaires d’Israël. Quel meilleur moyen de pousser les Palestiniens à partir que de transformer une distribution alimentaire en course contre la mort ?
« L’organisation n’a annoncé que quatre points de distribution d’aide, contre 400 dans le cadre du précédent système coordonné par l’ONU à travers Gaza, et la plupart des nouveaux sites n’ont pas été opérationnels la plupart du temps », relève le New York Times.
La récente nomination à sa tête de Johnnie Moore illustre la confluence entre les stratégies états-unienne et israélienne. Les chrétiens évangéliques blancs forment aux États-Unis le socle du lobby pro-Israël. Mike Huckabee, l’ambassadeur des États-Unis à Jérusalem (puisque Donald Trump y a déménagé l’ambassade en 2018 sans que Joe Biden ne revienne sur cette décision) est également un pasteur évangélique. Autant de « boucliers » pour Benyamin Netanyahou de plus en plus isolé sur la scène internationale, mais toujours soutenu de manière inconditionnelle par son dernier allié, les États-Unis.
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