« Est-ce que j’emporte un blessé pour le sauver, ou un sac de farine pour sauver ma famille ? » : au moins 13 Palestiniens tués ce lundi, après 93 morts la veille
Jour après jour, la Défense civile de la bande de Gaza fait état des tueries menées par l’armée israélienne. Jour après jour, des dizaines de civils palestiniens meurent pour avoir tenté de survivre. Les bombardements, eux, se sont multipliés dans la matinée du lundi 21 juillet. Des bombes aériennes israéliennes ont ainsi visé la zone de Deir Al-Balah, dans le centre de Gaza.
La chaîne Al-Jazeera rapporte quant à elle qu’un quadricoptère a tiré par intermittence près des écoles de Mazraa, situées au sud de Rimzon. Au moins treize Palestiniens ont ainsi été tués dans des attaques israéliennes dès les premières heures de lundi, et ce, « dans plusieurs parties de la bande de Gaza, selon des médecins présents sur place », rapporte Middle East Eye. Au moins cinq Palestiniens d’une même famille ont été tués, lundi, dans un bombardement qui a visé une tente abritant des personnes déplacées dans la zone d’Al-Mawasi, à l’ouest de Khan Yunis, située au sud de Gaza.
« D’immenses foules de civils affamés ayant essuyé des tirs »
Deux civils supplémentaires ont été blessés lors d’une attaque israélienne contre Jabalia Al-Nazla, au nord de Gaza, selon Al-Jazeera. L’entreprise génocidaire de Tel-Aviv ne faiblit donc pas. 93 Palestiniens ont déjà été tués dimanche 20 juillet, alors qu’ils tentaient de récupérer de l’aide humanitaire. Ils se sont fait tirer dessus par les forces d’occupation. Dimanche soir, le nombre de Palestiniens tués alors qu’ils tentaient d’accéder à de la nourriture atteignait un total de 891 morts et plus de 5 754 blessés.
Le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, a ajouté que des dizaines d’autres civils ont été blessées à la suite de « tirs de l’occupation sur des personnes attendant de l’aide », en différents points de l’enclave palestinienne. 80 d’entre eux ont notamment péri dans la zone de Zikim, au nord-ouest de la ville de Gaza. Une annonce confirmée par le rapport de terrain du Programme alimentaire mondial (PAM), qui a déclaré qu’un de ses convois transportant de l’aide alimentaire était entré dimanche matin dans la bande de Gaza, avant de rencontrer, dans le secteur de Zikim, « d’immenses foules de civils affamés ayant essuyé des tirs ».
Le PAM a dénoncé un massacre « totalement inacceptable », alors qu’un Palestinien sur trois n’a pas eu accès à de la nourriture depuis plusieurs jours. Selon les estimations du ministère palestinien de la Santé, au moins dix-huit civils sont morts au cours des dernières 24 heures à cause de la faim, de la déshydratation ou de la malnutrition. Tel-Aviv a – une nouvelle fois – minimisé la tuerie dont elle est l’instigatrice en évoquant des « tirs de sommation pour écarter une menace immédiate qui pesait sur elle ». L’armée israélienne a démenti le bilan de la Défense civile et ne confirme « que » 23 morts dans des bombardements dans le territoire palestinien.
Une augmentation du nombre de décès de nourrissons
« Des milliers de personnes désespérées étaient rassemblées pour obtenir de la farine, raconte Qassem Abou Khater à l’Agence France-Presse (AFP), qui s’était rendu à une distribution d’aide. Les chars tiraient de manière aléatoire sur nous. » Le Palestinien âgé de 36 ans explique avoir vu « des dizaines de personnes » mourir devant lui. « La question était : est-ce que j’emporte un blessé pour le sauver, ou un sac de farine pour sauver ma famille ? Mon Dieu, à quoi nous en sommes réduits ! »
La Défense civile a annoncé constater une augmentation du nombre de décès de nourrissons causés par « la faim et la malnutrition sévère », signalant au moins trois décès d’enfants au cours de la semaine dernière. « Nos enfants pleurent et crient pour avoir à manger. Ils s’endorment affamés », alerte Ziad Mousleh, un père de famille de 45 ans, qui ne trouve plus de quoi nourrir ses enfants.
L’armée israélienne a annoncé étendre ses opérations à la région de Deir Al-Balah, dans le centre du territoire palestinien, où elle a sommé la population d’évacuer. Des familles entières ont ainsi dû quitter la région, en n’emportant que quelques affaires, entassées sur des charrettes tirées par des ânes pour les plus chanceux. Ces derniers se sont dirigés vers le sud de l’enclave. « Ils nous ont lancé des tracts, et nous ne savons pas où nous allons », s’inquiète Adi Abou Qinnas.
« L’ordre de déplacement massif émis par l’armée israélienne a porté un nouveau coup terrible aux lignes de vie déjà fragiles qui maintiennent les gens en vie dans la bande de Gaza », a déploré dans un communiqué le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). En près de 22 mois de guerre, la majorité des plus de deux millions de Palestiniens de la bande de Gaza ont été déplacés au moins une fois. Pour rappel, au moins 58 895 Palestiniens ont été tués depuis octobre 2023, selon des données du ministère de la Santé à Gaza.
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