Un risque de « complicité de crimes de guerre » : à Gaza, des ONG demandent à la Fondation humanitaire de Gaza de cesser ses activités
Combien de Gazaouis doivent-ils encore mourir pour se procurer de la nourriture dans les centres de distribution de la Fondation Humanitaire pour Gaza (GHF) ? Depuis que la GHF a commencé ses distributions fin mai, 450 personnes ont été tuées et près de 3 500 autres blessées en tentant d’atteindre les points de distribution d’aide à Gaza, selon le dernier bilan actualisé du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza. Lundi 23 juin, 15 organisations de défense des droits humains ont donc appelé dans une lettre ouverte la GHF à cesser ses opérations, la mettant en garde contre des risques de complicité de « crimes de guerre ».
Parmi les signataires : la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), le Centre palestinien pour les droits humains, le Centre américain pour les droits constitutionnels ou encore la Commission internationale des juristes. Dans cette lettre, les organisations pointent un « modèle de distribution d’aide privatisée, militarisée qui représente un changement radical et dangereux par rapport aux opérations humanitaires internationales établies ». Elles dénoncent un système « déshumanisant et meurtrier ». « Nous appelons la GHF et toutes les organisations et individus qui ont soutenu ou soutiennent le travail de la GHF et les sociétés militaires privées » opérant dans ses centres de distribution « à cesser leurs opérations ».
Une fondation aux liens étroits avec Israël
« Ne pas le faire pourrait exposer ces organisations et leurs responsables, représentants et agents à des responsabilités criminelles et civiles pour complicité de crimes en vertu du droit international, y compris crimes de guerre, crimes contre l’humanité, ou génocide, en violation du droit international, du droit américain et d’autres juridictions nationales », avertissent les ONG signataires.
L’ONU et des ONG humanitaires refusent de travailler avec la GHF, au financement opaque soutenue par Washington et Israël, en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité. Enregistré en Suisse, la fondation est soupçonnée d’être financée par Israël. Un enquête du quotidien de gauche Haaretz évoque des financements à hauteur de 140 millions de dollars par mois du gouvernement israélien. La GHF refuse de dévoiler la provenance de ses fonds.
« Ce sont des conditions créées pour tuer »
Mardi 24 juin encore, 21 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens à proximité d’un centre de distribution sur la route Salaheddine, a annoncé la Défense civile de Gaza. Quatre jours plus tôt, le vendredi 20 juin, 26 personnes mourraient près du corridor de Netzarim dans le centre de Gaza, alors qu’elles attendaient de l’aide humanitaire. La Fondation continue de nier tout incident à l’intérieur de ses centres, affirmant que son personnel continue « de livrer de la nourriture en toute sécurité ».
Ces scènes chaotiques sont « une abomination », a dénoncé mardi le responsable de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Pour le chef du bureau humanitaire de l’ONU pour le territoire palestinien occupé, Jonathan Whittal « ce sont des conditions créées pour tuer » a-t-il accusé lors d’un point presse à Gaza. Un constat partagé par plusieurs responsables onusiens qui dénoncent un « carnage » et une déshumanisation systématique.
Depuis plus de trois mois Israël a imposé au territoire palestinien un blocus humanitaire, seulement levé au compte-goutte, affamant toute une population, un acte qualifié de crime de guerre par le droit international. D’après l’Unicef, 470 000 personnes, soit un quart de la population dans la bande de Gaza, étaient confrontées à la famine fin mai.
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