À Gaza, Netanyahou laisse passer quelques camions d’aide humanitaire mais intensifie son offensive
Chaque jour qui passe, Israël accroît un peu plus son emprise militaire sur la bande de Gaza. Cette progression n’est ni plus ni moins que la mise en œuvre du plan de conquête totale de l’enclave palestinienne annoncé dès le début du mois de mai et détaillé par le gouvernement israélien au travers de déclarations infamantes.
Ce lundi, le premier ministre Benyamin Netanyahou en a remis une couche via une vidéo sur Telegram : « Les combats sont intenses et nous progressons. Nous prendrons le contrôle de tout le territoire de la bande. »
Cette formule aussi frontale que choquante tant elle piétine le droit international reflète l’impunité dont Israël continue de jouir face à l’incurie de la communauté internationale. « Nous ne cédons pas. Mais pour réussir, il faut agir de manière à ce qu’on ne nous arrête pas », a-t-il poursuivi.
Deux millions de personnes affamées
Exception faite à la famine orchestrée contre les Gazaouis : « Nous ne devons pas laisser la population sombrer dans la famine, ni pour des raisons pratiques ni pour des raisons diplomatiques », a déclaré Netanyahou, celui-là même qui est le principal instigateur de cette tragédie.
Pressé par certaines puissances, notamment par les États-Unis, pour mettre fin au blocus total de l’aide humanitaire à Gaza depuis le 2 mars, Benyamin Netanyahou a finalement annoncé qu’Israël allait permettre l’entrée d’une « quantité de base de nourriture destinée à la population ».
Le degré de déshumanisation des Palestiniens est tel qu’ils en sont réduits à recevoir des portions « de base », mais ce peu de considération a pourtant suffi à son allié le ministre d’extrême droite Itamar Ben Gvir pour l’accuser de commettre « une sérieuse erreur » et de donner « de l’oxygène » au Hamas.
À Gaza, « deux millions de personnes sont affamées, a résumé Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé. Les gens meurent de maladies que l’on peut prévenir alors que les médicaments attendent à la frontière et que les attaques contre les hôpitaux privent les gens de soins ».
Ce déblocage, partiel au demeurant, intervient alors que des tonnes de denrées alimentaires et médicaments se sont accumulées à la frontière entre l’Égypte et Gaza. Le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), qui attendait désespérément cette décision, a fait état de « pourparlers » en cours avec les autorités israéliennes pour pénétrer dans l’enclave et y livrer une aide « limitée ».
« Aujourd’hui, Israël facilite l’entrée de camions avec de la nourriture pour bébés dans Gaza. Dans les jours à venir, Israël facilitera l’entrée de dizaines de camions d’aide », a précisé Eden Bar-Tal, directeur général du ministère des Affaires étrangères, en conférence de presse à Jérusalem. Pour l’heure, aucune information ne permet d’attester des quantités prévues, ni de la pérennité de ce couloir humanitaire sur le long terme.
Il aura ainsi fallu attendre que la famine se répande pendant plus de deux mois et que les clichés d’enfants au corps émacié se multiplient pour que le gouvernement israélien cède. C’est en tout cas l’argument avancé par Netanyahou lui-même, à savoir la fin du soutien des pays « amis » d’Israël si le blocus inique se poursuivait.
Le territoire de Gaza « ne peut pas être modifié »
Pendant ce temps, le nettoyage ethnique se poursuit. D’après Mohammed Al-Mughayyir, un responsable de la défense civile du territoire palestinien dont le quotidien Le Monde se fait l’écho, 91 personnes ont été tuées par des bombardements israéliens dans la bande de Gaza, lundi 19 mai. Tout le territoire est pilonné. Des Gazaouis ont décrit à l’AFP de véritables scènes d’apocalypse avec des avions de guerre et des hélicoptères qui inondent le ciel. À Khan Younès et au sud de Gaza, les troupes israéliennes préparent une « offensive sans précédent ». Dans le plan de conquête délirant de Benyamin Netanyahou, il était notamment prévu que la plupart des habitants soient déplacés tout au sud du territoire. Mardi 20 mai au matin, la défense civile de la bande de Gaza a fait état de la mort d’au moins 44 personnes dans de nouveaux bombardements israéliens, au cours de la nuit.
En Europe, la ministre suédoise des Affaires étrangères, Maria Malmer Stenergard, a affirmé dans un communiqué : « Si cela signifie une annexion, c’est contraire au droit international, (…) le territoire de Gaza ne doit être ni modifié ni réduit. » Alors que des pourparlers indirects sont toujours en cours entre Israël et le Hamas à Doha, le Qatar, qui a condamné le « bombardement de l’hôpital Hamad », a exhorté « la communauté internationale à assumer ses responsabilités morales et juridiques pour mettre un terme immédiat à cette guerre brutale ». Bien qu’il perpétue son entreprise génocidaire, le premier ministre israélien n’a pas totalement exclu la possibilité d’un accord sur la fin de l’offensive militaire, à deux conditions : « l’exil du Hamas » de la bande de Gaza et le « désarmement » du territoire.
Dans une déclaration commune, le président français Emmanuel Macron, et les premiers ministres britannique Keir Starmer et canadien Mark Carney ont prévenu qu’ils ne resteraient « pas les bras croisés » face aux « actions scandaleuses » du gouvernement Netanyahou à Gaza. En réponse, le chef d’État israélien a estimé qu’il s’agissait d’« une immense récompense » au Hamas. Soit une énième tentative de se dédouaner de la responsabilité des massacres.
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