Chasse aux opposants politiques : l’administration Trump tente d’assécher les ONG dissidentes
L’administration menée par Donald Trump a accouché d’un projet fiscal de 389 pages, le « Big Beautiful Bill », qui doit être discuté mardi 13 mai et qui vise à couper plusieurs milliards de dollars dans les dépenses du gouvernement. Caché parmi les centaines de propositions, relégué à la fin de la description du plan, un élément inquiète particulièrement les acteurs de la solidarité aux États-Unis, révèle The Intercept, magazine états-unien en ligne d’investigation. Un amendement, enfoui à la page 380, prévoit de permettre au secrétaire au Trésor de Trump (l’équivalent du ministre des Finances en France) de dénoncer n’importe quelle organisation à but non lucratif en tant qu’« organisation de soutien terroriste ».
Si cette désignation pose d’abord un problème de récit politique, elle permettrait surtout à l’administration Trump de supprimer les exonérations fiscales auxquelles les ONG ont droit et qui, souvent, leur permet de survivre et de mener à bien leurs activités de solidarité.
« Punir les organisations qui ne se conforment pas à l’idéologie de l’administration »
Les responsables des associations sonnent l’alarme, estimant que cette désignation d’« organisation de soutien terroriste » serait donnée de manière totalement arbitraire. En effet, si, dans le projet, il est expliqué que « l’expression ”organisation de soutien terroriste” désigne toute organisation qui est désignée par le Secrétaire comme ayant fourni, au cours de la période de trois ans qui s’achève à la date de cette désignation, un appui matériel ou des ressources à une organisation terroriste », les dirigeants d’ONG craignent l’absence d’une réelle procédure impartiale et indépendante.
Les associations y voient également une manière délibérée de donner un outil à Donald Trump d’aller à la chasse à ses ennemis politiques. « Le projet de loi confère un pouvoir incontrôlé au Secrétaire au Trésor pour punir les organisations qui ne se conforment pas à l’idéologie de l’administration », fustige Diane Yentel, présidente et directrice générale du National Council of Nonprofits (Conseil national des organisations à but non lucratif en français), auprès du média Nonprofit Quarterly.
Cole Leiter, directeur exécutif d’Americans Against Government Censorship (Les États-Uniens contre la censure du gouvernement en français), a qualifié le projet de loi de « prise de pouvoir qui donne à toute administration – Républicaine ou Démocrate – le pouvoir de punir tout groupe qui ne s’aligne pas pleinement sur son programme politique ».
Le journaliste de The Intercept rappelle qu’une version précédente de cette proposition surnommée « la taxe tueuse d’association » a été introduite des 2023, soit avant la réélection de Donald Trump. Elle avait alors été vivement critiquée pour être une manière d’empêcher les discours de soutien à la Palestine et avait été soutenue par plusieurs élus démocrates.
« Un tyran resserre son emprise non seulement en se saisissant du pouvoir, mais aussi lorsqu’il exige de nouveaux pouvoirs et quand ceux qui peuvent l’arrêter cèdent volontairement et se plient à sa volonté », a déclaré Lloyd Doggett, élu démocrate du Texas à la Chambre des représentants et un des fers de lance de l’opposition à ce projet de loi fiscale. Après la science, la culture, l’histoire, l’éducation, Donald Trump continue sa chasse aux « wokistes » en s’en prenant aux organisations à but non lucratif.
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