Droits de douane : le faux dilemme
Ce jeudi, les tarifs douaniers imposés par Donald Trump sont entrés en vigueur. Depuis son investiture, le président états-unien fait fantasmer les ultralibéraux de tous les pays, autant qu’il donne du fil à retordre aux progressistes. Les premiers s’émerveillent de son antiétatisme.
Les seconds peinent parfois à trouver le ton juste face à sa croisade contre le libre-échange. En témoigne l’enthousiasme un peu précipité de l’UAW, le grand syndicat automobile américain, qui se réjouissait en avril que la hausse des droits de douane allait « recréer des milliers d’emplois » aux États-Unis.
En France, les adorateurs du libre-échange nous assurent que le trumpisme ruinerait l’idée même de protection, au nom d’un syllogisme boiteux : Trump sème le chaos, or Trump se réclame du protectionnisme, donc tout protectionnisme mène à la catastrophe. La ficelle est un peu grosse.
Ainsi la gauche hostile au libre-échange serait sommée de choisir entre les promoteurs zélés de la mondialisation heureuse et le protectionnisme va-t-en-guerre du locataire de la Maison-Blanche.
C’est oublier qu’il ne suffit pas de rompre avec le « libre-échangisme » pour rompre avec le marché. Donald Trump cherche seulement à reconfigurer l’ordre mondial au profit des États-Unis, ou plutôt de la définition qu’il s’en fait : les multinationales américaines traverseront sûrement sans (trop de) dommages la tempête et certaines pourraient même y gagner, à l’image des géants de l’énergie ou de l’armement, si les Européens accroissent leurs achats.
Mais pas les travailleurs américains. Comment croire que les droits de douane sur l’automobile épargnent les classes populaires états-uniennes, quand la quasi-totalité des véhicules vendus à moins de 30 000 dollars aux États-Unis sont produits à l’étranger ?
Lorsqu’il est dépourvu de politique industrielle, le protectionnisme échoue à relancer l’appareil productif. Et lorsqu’il se désintéresse des effets qu’il produit sur les travailleurs, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières, il ne protège pas grand monde. C’est toute la différence entre le protectionnisme trumpiste et la sortie du libre-échange prônée par une partie de la gauche.
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