Taxes sur les films étrangers : "James Bond n'a rien à craindre", affirme Donald Trump
Le président américain Donald Trump s'adressait à la presse jeudi 8 mai sur la thématique des accords commerciaux entre les États-Unis et le Royaume-Uni. À cette occasion, il s'est exprimé sur son annonce qui avait secoué l'industrie cinématographique mondiale : la taxation à hauteur de 100% des films étrangers aux États-Unis.
Coup de chance pour l'agent 007, l'occupant actuel de la Maison Blanche a exclu la franchise James Bond des films qui subiront cette mesure. "James Bond n'a rien à craindre", tentait-il de rassurer pendant la conférence de presse. Il s'agit pour l'heure d'une exception, dont la motivation n'est d'ailleurs pas encore connue.
Subventions et exonérations fiscales
Dimanche 4 mai, Donald Trump affirmait la nécessité d'une taxation globale des films étrangers. "L'industrie cinématographique américaine est en train de mourir très rapidement (...) Hollywood et de nombreuses autres régions des États-Unis sont dévastées", justifiait-il sur son réseau Truth Social. Pour lui, la cause est sans équivoque : "D'autres pays offrent toutes sortes d'incitations pour attirer nos cinéastes et nos studios loin des États-Unis."
Trump n'a pas hésité à pointer, sans sources, un "effort concerté de la part d'autres nations", représentant "une menace pour la sécurité nationale". Avec ce projet de réforme, l'Américain s'oppose à un modèle économique prisé des studios et cinéastes américains : l'obtention de subventions ou d'exonérations fiscales pour tourner dans d'autres pays qui, en retour, comptent sur les emplois générés et les retombées touristiques.
L'industrie mondiale du cinéma secouée
Comme souvent avec les annonces fracassantes de ce type, les détails ne sont pas connus. Cela n'a pas empêché l'industrie du cinéma dans le monde entier de réagir vivement face au dilemme qui s'annonce : ne plus pouvoir montrer un film aux États-Unis pour des questions de coûts ou le produire entièrement dans ce pays. "Il y a beaucoup d'inconnues pour notre secteur, mais tant que nous n'en saurons pas plus, il n'y a pas de doute que cela enverra des secousses dans le monde entier", a déclaré le directeur de l'organisation des producteurs audiovisuels en Australie, Matthew Deaner, à l'agence de presse AAP.
"Les grandes productions réalisées de A à Z aux États-Unis sont rares", a confirmé une porte-parole d'un syndicat canadien de techniciens du cinéma, Evelyne Snow, interrogée par le quotidien La Presse. Elle s'inquiète pour les emplois menacés dans la province du Québec. D'après elle, "une production américaine à Montréal fait vivre 2 000 personnes, en partant du cameraman jusqu'au chauffeur de limousine". En France, pas de commentaires directs, mais l'écho d'une précédente annonce de Gaëtan Bruel. Le directeur de l'établissement public de soutien au cinéma (CNC) disait déjà en avril 2025 que les Européens devaient "se préparer à toute hypothèse" face à "une possible offensive américaine contre notre modèle" de soutien des États à la culture.
À Londres, "le calme" est de mise
Cette nouvelle annonce intervient au moment où le Royaume-Uni tente de conclure un accord "de prospérité économique" avec Washington. Ardemment souhaité par Londres, il permettrait d'"atténuer" les droits de douane américains, selon le Premier ministre britannique Keir Starmer. Lundi, un porte-parole de Downing Street avait annoncé la ligne empruntée sans pour autant directement commenter sur les menaces visant l'industrie du cinéma : "Nous continuerons à adopter une approche calme des discussions et nous nous efforcerons de trouver une solution afin d'alléger la pression sur les entreprises et les consommateurs britanniques."
La British Film Commission (BFC), agence de soutien à la production cinématographique nationale, avait qualifié pour sa part l'annonce du président américain de "préoccupante", ajoutant espérer que l'histoire commune du 7e art entre les deux pays se poursuive. Une situation qui pourrait expliquer le traitement réservé à la franchise James Bond, dont le "contrôle créatif" vient d'être fraîchement attribué aux studios américains Amazon MGM.