Législatives allemandes : le long chemin de croix de Merz vers la formation d’une coalition

 

Objectif Pâques 2025. C’est l’échéance que s’est fixée Friedrich Merz, le mieux placé pour devenir chancelier à l’issue des élections législatives allemandes tenues dimanche 23 février, pour former son gouvernement.

Mais la date du 20 avril sera difficile à tenir pour le candidat de la CDU – le parti conservateur arrivé en tête du scrutin – tant le chemin pour y parvenir est semé d’incertitudes politiques et d’obstacles.

Le premier est qu’à l’heure de la publication de cet article, nul ne sait encore si Friedrich Merz va pouvoir gouverner avec un unique partenaire ou s’il va devoir trouver une alliance à trois partis (ou plus).

Le poids des petits partis

Tout dépend de la présence ou non des libéraux du FDP et du mouvement de gauche populiste BSW au Bundestag. Ces formations ne sont pas garanties d'obtenir plus de 5 % des voix aux élections, un précieux sésame qui garantit l’entrée au Bundestag. Les chances semblent plus fortes pour le BSW que le FDP.

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S’ils ratent ce coche, la tâche sera beaucoup plus aisée pour Friedrich Merz, qui a fermement exclu toute alliance avec le parti d’extrême droite AfD, arrivé en deuxième position. "Ce devrait être faisable car il pourra se tourner vers le SPD (parti de centre gauche) qui a prouvé à de multiples reprises par le passé qu’il était prêt à faire des compromis pour assurer la stabilité du gouvernement", souligne Ed Turner, spécialiste de la politique allemande à l’université Aston de Birmingham.

Si le BSW et/ou le FDP assure(nt) leur place au Bundestag, CDU et SPD devront trouver au moins un troisième partenaire pour avoir une majorité de gouvernement. "Ce sera un vrai casse-tête car Friedrich Merz sera réticent à faire appel aux Verts qui pourraient être des alliés du SPD, et si le FDP est au Bundestag, nul doute que le SPD fera tout pour empêcher les libéraux d’entrer au gouvernement vu leur passif lors du dernier gouvernement d’Olaf Scholz", décrypte Ed Turner.

Avant d’entrer dans le vif des négociations, les partis vont encore digérer les résultats de dimanche soir. Mais dès le milieu de la semaine prochaine, les responsables des différents partis qui pourraient former une coalition vont commencer à poser leurs conditions et fixer leur lignes rouges.

À Pâques ou à la Saint-Glinglin ?

Difficile de savoir combien de temps ces négociations peuvent durer. Certains points vont certainement poser plus de problèmes que d’autres. À commencer par le durcissement des lois sur l’immigration promis par Friedrich Merz et qui, par exemple, n’est pas du tout du goût des Verts. "Le SPD sera probablement aussi dur à convaincre sur des réformes économiques chères à la CDU, comme des coupes budgétaires dans les programmes sociaux pour financer des réductions d’impôts", précise Ed Turner.

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Et même si tous les responsables tombent d’accord, ce n’est pas la fin de l’histoire. La ratification de tout programme de gouvernement par les partis impliqués peut prendre plus ou moins de temps. Ils peuvent convoquer un congrès – l’option rapide – ou soumettre le programme de coalition au vote de tous les membres du parti, ce qui serait considérablement plus long… et aléatoire.

La seule date gravée dans le marbre pour les négociations à venir est celle du 25 mars. Ce sera la première séance de la nouvelle législature du Bundestag (qui doit se tenir 30 jours après les élections). Mais rien n’oblige l’Allemagne à avoir un nouveau gouvernement d’ici là. Olaf Scholz, dont le parti a subi une cinglante défaite, pourrait encore être au pouvoir à traiter les affaires courantes.