Après la condamnation de Le Pen, un dimanche très politique à Paris

Deux ans avant la présidentielle, un air de campagne électorale souffle sur Paris, dimanche 6 avril, six jours après la condamnation de Marine Le Pen à une peine d'inéligibilité. Le RN rassemble ses soutiens à Paris, une partie de la gauche contre-manifeste dans la capitale, et le bloc central est convié à Saint-Denis par Gabriel Attal.

La condamnation en première instance du Rassemblement national dans l'affaire des assistants parlementaires européens pour détournement de fonds publics, et l'hypothèse sérieuse de l'inéligibilité de Marine Le Pen ont mis la classe politique en tension. 

Le RN s'est lancé dans une vaste offensive, dénonçant avec véhémence les "juges tyrans", selon Jean-Philippe Tanguy, député RN, et organisant un rassemblement de soutien à Marine Le Pen dimanche à 15 h, Place Vauban à Paris, devant le dôme des Invalides.

"Ce n'est pas une manifestation contre des juges" mais "pour la démocratie, pour Marine Le Pen, pour la souveraineté populaire", a indiqué le vice-président du RN Sébastien Chenu.

La gauche divisée

Ce meeting du RN est "en réalité en opposition à la justice et contraire à l’État de droit", accuse Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Écologistes, à l'initiative d'un appel au rassemblement, au même moment, Place de la République à Paris.

La secrétaire nationale du parti Les Ecologistes, Marine Tondelier, à Paris le 6 novembre 2024
La secrétaire nationale du parti Les Ecologistes, Marine Tondelier, à Paris le 6 novembre 2024 © JOEL SAGET / AFP

"Cela aurait été insupportable" de voir toute la journée la manifestation du RN, "sans aucune forme de contradiction en face", plaide Marine Tondelier.

Mais le PS et le PCF ont fait le choix, après de multiples échanges, de ne pas y participer, pour ne pas donner une coloration politique à la décision de justice. "Cela donnerait l'impression que ce serait la gauche contre l'extrême droite. Ce n'est pas ça le sujet", a expliqué Nicolas Mayer-Rossignol, premier secrétaire délégué du PS.

Le PCF a expliqué souhaiter "une mobilisation dans un cadre le plus large possible", alors qu'une majorité de syndicats et une grande part des associations ne se sont pas joints à l'appel. Dans le viseur du RN, le Syndicat de la magistrature a dit, lui, ne pas vouloir s'associer à un mouvement politique.

En revanche, le syndicat Solidaires y participera, ainsi que l'Union syndicale lycéenne et l'Union étudiante, classées à gauche. Seront aussi présents aussi sur la place de la République, où se tiendra également à 15 h une manifestation de soutien à Gaza, l'association Attac, et l'organisation antifasciste Jeune Garde. 

L'après-Macron à Saint-Denis

Dans le "bloc central", la mobilisation du RN change le ton du meeting prévu depuis plusieurs mois par Renaissance dimanche à la Cité du Cinéma de Saint-Denis au nord de Paris, premier évènement de l'ère ouverte par la prise de contrôle du parti macroniste par Gabriel Attal.

Gabriel Attal le 13 février 2025 à Bègles près de Bordeaux
Gabriel Attal le 13 février 2025 à Bègles près de Bordeaux © Christophe ARCHAMBAULT / AFP/Archives

Le jeune ex-Premier ministre a battu le rappel après l'annonce d'un rassemblement par le RN, au nom de "l'État de droit" et de la défense de "la démocratie et nos valeurs".

"L'une des questions qui va se poser dimanche, c'est est-ce qu'on veut que la France devienne l'Amérique de Trump ou pas", juge un de ses proches.

Gabriel Attal, qui entend relancer le parti présidentiel, a convié dimanche matin le président d'Horizons Édouard Philippe, candidat déjà déclaré pour l’Élysée, et le Premier ministre François Bayrou.

Le centriste, président du MoDem, s'est dit favorable à une fusion de son parti avec Renaissance. Une idée suggérée dans le Figaro par Élisabeth Borne, présidente du Conseil national de Renaissance, un temps candidate face à Gabriel Attal pour la tête du parti.

Avec AFP et Reuters