Taxes de 25 % sur l’automobile : ce qu’il faut savoir de la nouvelle mesure douanière de Trump

Après l’acier et l’aluminium, Donald Trump embraie sur l’automobile. Le président américain a annoncé mercredi 26 mars une nouvelle taxe de 25 % sur les importations de voitures, qui s’ajoutera dès le 3 avril aux frais de douanes de 2,5 % déjà en vigueur. Cette mesure sera étendue un mois plus tard aux principaux composants des véhicules.

La taxe sur l’automobile vise à "contrecarrer des décennies de déséquilibres commerciaux et protéger les emplois et la richesse des Américains", a déclaré Donald Trump. Selon lui, elle pourrait rapporter jusqu’à 1 000 milliards de dollars sur les deux prochaines années.

Réindustrialiser l’Amérique

Cette annonce s’inscrit dans l’agenda "America First" du président, qui a promis de s’attaquer à la balance commerciale des États-Unis. Sur les 1 000 milliards de dollars de déficit, 270 milliards sont liés à l’automobile, dont 100 milliards aux pièces détachées.

Les États-Unis importent la moitié des voitures vendues sur le sol américain (environ 8 sur 16 millions). Mais même lorsque les voitures sont assemblées aux États-Unis, entre 50 et 60 % de leurs composants viennent de l’étranger.

Accusant ses partenaires commerciaux de "voler" l’Amérique, Donald Trump mise sur les nouveaux droits de douane pour forcer les entreprises étrangères à s’implanter et produire aux États-Unis. Adepte des revirements de dernière minute, le président républicain pourrait néanmoins faire marche arrière ou modifier son plan s’il obtient des contreparties de ses partenaires. Il a par exemple évoqué la possible d’une ristourne pour la Chine si celle-ci consentait à céder la filière responsable des activité de TikTok aux États-Unis. Une proposition immédiatement rejetée par Pékin.

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1 - LIBERATION © france24

Hausse des coûts et probable baisse des ventes

Sans surprise, le prix des voitures aux États-Unis va fortement augmenter : de 4 000 à 15 000 dollars en fonction des modèles et du nombre de pièces importées, estiment certains analystes.

Alors que l’industrie automobile traverse déjà des difficultés, "les constructeurs ne pourront pas absorber ces surcoûts en prenant sur leurs marges" analyse Flavien Neuvy, directeur de l’Observateur de l’automobile Cetelem.

Les perturbations sur la chaîne de production américaine, très interconnectée avec le Canada et le Mexique voisins, risquent également d’alimenter cette inflation.

Conséquence logique de la hausse des prix, les taxes douanières de Donald Trump devraient provoquer une baisse des ventes et, par ricochet, de la production sur le sol américain, ainsi que des importations de voitures depuis l’étranger.

Des partenaires durement affectés

Dans cette guerre commerciale, les voisins directs des États-Unis sont en première ligne : le Mexique (premier fournisseur de voitures et de pièces détachées aux États-Unis) et le Canada, qui exporte 85 % de sa production de véhicules de l’autre côté de sa frontière. Cette hausse soudaine des taxes est un coup de massue pour les deux pays, qui bénéficiaient jusqu’ici d’exonérations de taxes douanières dans le cadre de l’accord Canada – États-Unis – Mexique (ACEUM).

Le Japon et la Corée du Sud, respectivement deuxième et troisième exportateur de véhicules à destination des États-Unis, devraient également payer une lourde tribut, alors qu’en Europe, les craintes se concentrent sur l’Allemagne. "Elle exporte aux États-Unis des véhicules à forte valeur ajoutée, c’est-à-dire haut de gamme, premium, qui permettent aux constructeurs allemands de réaliser d’importants profits", explique Flavien Neuvy. L’Union européenne, dont 25 % des exportations automobiles sont dirigées vers les États-Unis, a fait savoir que des mesures de rétorsion pourraient être appliquées.

Premier producteur de voitures au monde, la Chine devrait être relativement épargnée par les nouvelles taxes américaines, les États-Unis ne comptant que pour moins de 2 % de ses exportations. Certains analystes estiment que les tensions commerciales entre l’Europe et les États-Unis pourraient indirectement favoriser l’essor de ses ventes de véhicules électriques sur le Vieux Continent.

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Pont d’or pour Tesla ?

Aux États-Unis, les constructeurs nationaux seront certes avantagés, mais ils n’échapperont pas à une hausse des coûts du fait de leur forte dépendance aux importations. À titre d’exemple, Ford et General Motors importent respectivement 20 % et 50 % des véhicules qu’ils commercialisent sur le sol américain.

Dans ce tableau morose, une entreprise sort néanmoins du lot. Et pas n’importe laquelle : Tesla, propriété du ministre de l'"efficacité gouvernementale" Elon Musk. Il s’agit du seul constructeur qui n’importe aucun véhicule aux États-Unis, tous produits dans ses usines de Californie et du Texas. L’entreprise est également moins dépendante des importations de pièces que la plupart de ses concurrents, puisqu’elle produit plus de 60 % de ses composants sur le sol américain.

Elon Musk a néanmoins tenu à rappeler que Tesla ne serait pas épargné par la hausse des taxes. "L'impact sur les coûts n'est pas négligeable", a-t-il déclaré sur son réseau social X.

Difficile pourtant de ne pas voir dans cette mesure un sérieux coup de pouce à l’entreprise, alors que ses ventes sont en chute libre en Europe et que le cours de son action, dopé par l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, a depuis perdu la moitié de sa valeur.