INFOGRAPHIES. Douze pays touchés, décision dénoncée comme "raciste"... Quatre choses à savoir sur le nouveau "travel ban" mis en place par Donald Trump

Washington va empêcher les ressortissants de 12 pays d'entrer aux Etats-Unis afin de "protéger" le pays, a annoncé Donald Trump mercredi 4 juin. Ce "travel ban" ("interdiction de voyage" en français) en rappelle un autre, principalement contre des pays musulmans, instauré lors du premier mandat du président américain, entre 2017 et 2021. "Nous ne pouvons pas avoir une immigration ouverte en provenance de pays que nous ne pouvons pas contrôler et filtrer de manière sûre et fiable", s'est justifié le chef d'Etat américain, depuis la Maison Blanche à Washington. 

1 Douze pays concernés par l'interdiction, sept autres par des restrictions

La décision, effective le 9 juin, s'applique à l'Afghanistan, la Birmanie, le Tchad, la République démocratique du Congo, la Guinée équatoriale, l'Erythrée, Haïti, l'Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen, selon la Maison Blanche. Les ressortissants de sept autres pays sont visés par des restrictions dans la délivrance de visas : le Burundi, Cuba, le Laos, la Sierra Leone, le Togo, le Turkménistan et le Venezuela. 

map visualization

La proclamation, signée par le président américain, inclut cependant des exceptions, rapporte CNN. Elles concernent "les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visa et les personnes dont l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis", précise le média. Ainsi, les footballeurs participant à la Coupe du monde de 2026, qui se déroulera aux Etats-Unis, au Mexique et au Canada, ainsi que les athlètes des Jeux olympiques de Los Angeles de 2028 ne seront pas concernés par ces restrictions.

table visualization

2 Une décision motivée officiellement par la volonté de "protéger" les Etats-Unis

L'exécutif américain, qui mène une politique anti-immigration très restrictive, vise "les endroits qui ne font pas l'objet d'un contrôle approprié [lors de l'octroi d'un visa], qui présentent des taux élevés de dépassement de visas ou qui ne partagent pas les informations sur l'identité et les menaces", a précisé la porte-parole de la Maison Blanche, Abigail Jackson, sur X. "En tant que président, je dois agir pour protéger la sécurité nationale et l'intérêt national des Etats-Unis et de sa population", a justifié Donald Trump dans le texte de la décision. Cette liste "pourra être révisée si ces améliorations" sont mises en place, a-t-il précisé.

D'après les données du ministère des Affaires étrangères américain consultés par franceinfo, les 12 pays visés par l'interdiction de voyage ont compté pour environ 1% de tous les visas émis par les Etats-Unis en 2024. Les ressortissants de ces pays ont obtenus 10% de tous les visas permanents, qui sont octroyés aux personnes souhaitant s'installer durablement dans le pays. Pour les visas temporaires, plus fréquents et principalement demandés par les touristes, les pays du "travel ban" n'ont compté que pour 0,5% de tous les visas américains de ce type accordés en 2024. 

chart visualization

Le président américain affirme chercher à "protéger les Etats-Unis face aux terroristes étrangers". Le chef d'Etat a cité en exemple l'attaque survenue dimanche lors d'une manifestation pour les otages israéliens dans le Colorado, qui a fait plusieurs blessés. "[Elle a] mis en évidence les dangers extrêmes que représente l'entrée de ressortissants étrangers qui n'ont pas été correctement contrôlés", a déclaré Donald Trump dans une vidéo postée sur X.  Une référence à l'auteur présumé de l'attaque, un Egyptien n'ayant plus de visa selon la Maison Blanche. La liste des pays ne comporte cependant pas l'Egypte, pays d'origine de l'homme de 45 ans accusé de l'attaque.

3 Un "travel ban" déjà mis en place lors du premier mandat de Donald Trump

La décision de Donald Trump n'est pas une première. Un décret migratoire du même type avait été mis en place lors du premier mandat du président populiste en 2017 et visait plusieurs pays musulmans. Entré en vigueur sans préavis, il avait provoqué de nombreuses perturbations dans les aéroports et avait très rapidement été attaqué en justice avant d'être suspendu. Une troisième version du décret, largement remanié, avait finalement été validée par la Cour suprême américaine en 2018. En 2021, Joe Biden avait révoqué le texte, le qualifiant de "tache" sur la "conscience nationale" des Etats-Unis.

Cette fois, le gouvernement américain semble mieux préparé, selon des experts contactés par le New York Times. "Ils semblent avoir tiré des leçons des trois séries de litiges que nous avons traversés au cours de la première administration Trump", estime ainsi Stephen Vladeck, professeur au Centre de droit de l'Université de Georgetown. Le spécialiste prévient tout de même qu'il faudra être attentif "à la manière dont cette loi sera effectivement appliquée, et de son application éventuelle, illégale, voire inconstitutionnelle".

4 Une décision dénoncée comme "raciste"

De nombreuses voix se sont élevées pour critiquer la décision du gouvernement américain. "La nouvelle interdiction de voyager du président Trump est discriminatoire, raciste et carrément cruelle", dénonce ainsi Amnesty International sur X. "En ciblant des personnes en fonction de leur nationalité, cette interdiction ne fait que propager la désinformation et la haine", ajoute l'ONG. "Cette proclamation est un autre exemple de la façon dont le président se moque des lois sur l’immigration et la sécurité nationale afin de punir les races, les religions et les idées qu'il n'aime pas", tance de son côté Becca Heller, à la tête du International Refugee Assistance Project, auprès du New York Times. 

Les pays concernés par la décision américaine se sont joints aux critiques. Le Venezuela a ainsi averti mercredi ses ressortissants que voyager aux Etats-Unis représentait un "grand risque". "Le retour de l'interdiction ne va pas renforcer la sécurité de l'Amérique mais va faire souffrir de nombreux Américains, dont ceux de la communauté américano-iranienne", a de son côté regretté Jamal Abdi, président du National Iranian American Council, dans un communiqué de presse. La décision marque "un retour effrayant aux politiques de discrimination et de division", conclut l'ONG Oxfam dans un message posté sur Instagram.