L’État laisse tomber la carotte pour mieux manier le bâton. Alors que les incitations (positives) à l’achat d’un véhicule électrique disparaissent peu à peu de la circulation, le projet de loi de finances pour l’année 2025 renforcera la surtaxe à l’achat d’un véhicule thermique. Une mesure qui fera grincer des dents les automobilistes en cas de non-censure du gouvernement Bayrou, et d’adoption du texte de facto.
Le plafond de cette surtaxe à l’achat augmentera donc pour atteindre 70.000 euros dès le 1er mars 2025, avec une augmentation progressive de 10.000 euros par an. Et ce «pour cibler spécifiquement les véhicules les plus émetteurs, le tarif maximum est renforcé de 10 000 € par an pour atteindre 90 000 € en 2027 (à partir de 189 g/km)», peut-on lire dans le projet de loi. En parallèle de cette augmentation du plafond, le texte prévoit le durcissement des seuils au-delà desquels votre voiture de rêve pourrait bien tomber sous le coup de ces mesures.
D’ici quelques semaines, le malus CO₂ sera appliqué à tous les véhicules émettant 113 g/km, contre 118 g/km jusqu’à présent. Ce seuil sera ensuite abaissé «en 2026 et 2027» pour atteindre à cette date une taxation dès 103 g/km. Le texte prévoit notamment l’abaissement du seuil de masse à 1 500 kg au 1er janvier 2026, ajoutant une charge de 10 euros par kg supplémentaires sur l’achat des véhicules pesant entre 1 500 kg et 1 600 kg, qui en étaient jusqu’alors exemptés. Déjà en 2024, le projet de loi de finances avait abaissé le seuil d’émission de 5 g/km et avait acté la hausse linéaire des surtaxes d’année en année. Mais surtout, le texte avait fait sauter les derniers verrous en supprimant le plafonnement du malus à 50 % du montant d’acquisition du véhicule qui, selon le gouvernement, «bénéficiait spécifiquement aux véhicules très onéreux et très polluants».
Quels modèles sont touchés ?
Concrètement, bon nombre de véhicules grand public seront impactés par ces mesures. Selon Le Journal de l’automobile, les principaux modèles à subir pour la première fois cette fiscalité seront, entre autres, les Peugeot 208 équipées du moteur essence PureTech de 100 ch émettant environ 116 g/km. La part des véhicules de ce modèle qui sera concernée par la surtaxe au 1er mars 2025 passerait ainsi de 13% à 44%. Même constat pour la Dacia Sandero dont la proportion passe de 62% à 88%. Idem pour la Renault Clio TCe 90 INTENS ECO2 et ses 114 g de CO₂ émis par km. En pratique, seuls les modèles tels que le Porsche Cayenne ou le BMW X6 M seront concernés par les surtaxes maximales de 90.000 euros en 2027.
Mais pour l’achat d’un Renault Captur il faudra ajouter en moyenne 695€ à sa facture dès le 1er mars d’après les calculs de Mobilians, l’organisation qui rassemble les chefs d’entreprise du secteur de la mobilité. Des montants qui évolueront fortement d’ici 2027. À cette date, l’achat d’un Renault Captur équipé de la motorisation TCe 90 (133 g/km pour la finition Evolution) impliquera un malus de 1 901 euros. Si la surtaxe exacte dépend évidemment de la motorisation plus que du modèle, l’organisation patronale cite également le cas du modèle Peugeot 2008, pour lequel «le montant moyen du malus passerait à 653€ en 2025 (+72% par rapport à 2024)».