L’Espagne épinglée par le Conseil de l’Europe face aux affaires de corruption des hauts dirigeants

Le Conseil de l’Europe a critiqué vendredi 1er août les lacunes de l’Espagne dans la lutte contre la corruption des hauts dirigeants, alors que le premier ministre Pedro Sanchez est secoué par une série d’affaires de corruption visant son entourage ou des membres de son parti socialiste.

Dans un rapport, le Groupe d’États contre la corruption (Greco), qui rassemble 48 pays, «constate l’absence d’une action déterminée et de résultats concrets concernant les recommandations relatives aux hautes fonctions de l’exécutif du gouvernement central». Si le rapport reconnaît que «des améliorations sont proposées» dans le cadre d’un Plan d’action pour la démocratie et d’un projet de loi sur la transparence administrative, il affirme aussi que «ces initiatives restent à mettre en œuvre».

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«Aucune mesure n’a été prise en vue de réformer la procédure spéciale du régime de responsabilité pénale des membres du gouvernement» et le Bureau des conflits d’intérêts «n’est toujours pas véritablement indépendant et ne dispose pas de son propre budget», dénonce l’institution. Le Greco demande en conséquence aux autorités espagnoles de remettre un rapport sur les progrès accomplis dans leur mise en œuvre de ses recommandations d’ici au 30 juin 2026.

De nombreux dirigeants espagnols visés

Les enquêtes judiciaires visant des proches du premier ministre socialiste Pedro Sanchez se multiplient depuis des mois. Confronté à la plus grave crise depuis son arrivée au pouvoir, il a présenté le 9 juillet un plan anticorruption au Parlement.

L’ex-numéro trois du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Santos Cerdán, un de ses proches, a ainsi été mis en cause après la publication le 12 juin d’un rapport de police laissant penser qu’il avait touché des pots-de-vin en échange de contrats publics. Il a été placé en détention provisoire.

La propre femme du chef du gouvernement, Begoña Gómez, est visée par une enquête pour corruption et trafic d’influence, son frère David doit être jugé pour trafic d’influence et le procureur général de l’État, Álvaro García Ortiz, plus haut magistrat du parquet, nommé en 2022 sur proposition du gouvernement de gauche, sera jugé pour des fuites d’informations judiciaires.

De son côté, la droite espagnole a été rattrapée par un scandale courant juillet, quand un juge a annoncé la mise en examen d’une trentaine de personnes, dont un ex-ministre de premier plan du Parti populaire, Cristóbal Montoro, pour sept délits allant de la fraude à la corruption.