Espagne : Derrière le plan anticorruption de Sanchez, Sumar s’impose
Pedro Sanchez ne renoncera pas. « Nous allons surmonter la crise de la corruption par des actes. La facilité serait de jeter l’éponge, mais nous continuerons à aller de l’avant », a déclaré le chef de gouvernement ce mercredi 9 juillet devant le Congrès des députés.
S’il admet avoir envisagé de démissionner, celui qui est aussi le secrétaire général du PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) préfère proposer un plan anticorruption de 15 mesures préparé avec l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).
Parmi elles : la création d’une Agence d’intégrité publique, le renforcement du contrôle sur les partis par des acteurs indépendants ou l’introduction d’un statut préférentiel permettant aux affaires de corruption d’êtres traitées plus rapidement. Autant de propositions accueillies différemment par la gauche espagnole.
Podemos, par la voix de sa secrétaire générale, Ione Belarra, a redit sa déception, accusant le gouvernement de « couvrir un scandale médiatique avec des mesures cosmétiques ». Du côté d’Izquierda Unida, le coordinateur Antonio Maillo s’est fendu d’un avertissement au gouvernement : « C’est la voie à suivre. Mais le gouvernement doit prendre la responsabilité de détruire la corruption qui gangrène le système politique. »
Une affaire de corruption en cascade
Le mouvement Sumar se réjouit quant à lui du discours du président du gouvernement. « Sur les 15 mesures, dix ont été proposées au PSOE par la coalition Sumar. Nous sommes la force politique qui définit l’agenda progressiste dans ce pays », s’est targuée l’aile gauche de la coalition gouvernementale sur le réseau social Bluesky. Tout au long de la polémique, Yolanda Diaz, ministre du Travail et coordinatrice du mouvement, avait vivement critiqué « l’immobilisme » et « l’indécence » du dirigeant du PSOE.
Le 12 juin, dans un document de 490 pages, l’unité centrale opérationnelle de la garde civile mettait en cause Santos Cerdan, le numéro trois du PSOE, dans une affaire de corruption supposée. La même affaire qui éclaboussait déjà José Luis Abalos, ancien ministre socialiste, et Koldo Garcia, principal conseiller de Pedro Sanchez.
Placé en détention provisoire le 30 juin pour association de malfaiteurs et blanchiment d’argent, Santos Cerdan est remplacé par Francisco Salazar. Ce dernier, accusé de harcèlement sexuel, a démissionné dans la foulée.
Souhaitant défendre une « organisation propre », Pedro Sanchez s’est empressé de faire adopter 13 mesures anticorruption au sein du PSOE. Une décision jugée très insuffisante dans une monarchie parlementaire où la corruption est considérée comme une constante de la vie politique.
Affaibli, le président du gouvernement avait troqué une ouverture politique contre un soutien des autres formations de gauche « pour ne pas céder le pouvoir à la droite et à l’extrême droite », elles-mêmes concernées par de nombreuses affaires de corruption.
Si Podemos a catégoriquement refusé, Sumar en a profité pour obtenir une place centrale au sein de la coalition gouvernementale. Pour l’aile gauche de cette dernière, le plan anticorruption est une première victoire et doit se poursuivre avec la remise à l’ordre du jour de diverses mesures sociales.
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