Corruption en Espagne : l’ex numéro trois du parti socialiste placé en détention provisoire

Le gouvernement espagnol au bord du précipice ? L’ex numéro trois du Parti socialiste espagnol (PSOE) et proche collaborateur du Premier ministre Pedro Sánchez a été placé ce lundi 30 juin en détention provisoire dans le cadre d’une enquête pour corruption en lien avec la pandémie de Covid-19.

« Le juge de la Cour suprême a placé en détention provisoire et sans caution l’ex-secrétaire de l’organisation du PSOE Santos Cerdán » pour « association de malfaiteurs, corruption et blanchiment d’argent », ont indiqué à l’Agence France Presse des sources judiciaires, précisant qu’il existait selon le magistrat « un risque de fuite et de destruction de preuves ». Santos Cerdán a été entendu par le juge en charge de cette enquête lundi, et a contesté toute malversation, se disant victime de manœuvres politiques, selon les mêmes sources.

Soupçon de corruption

Un rapport de l’Unité centrale opérationnelle de la Garde Civile (UCO) avait révélé mi-juin « l’existence d’indices concordants concernant la possible participation » de Santos Cerdán, présumé complice « de l’ex-ministre José Luis Àbalos (…) dans l’attribution indue d’un contrat public ».

Des enregistrements audio semblent suggérer que l’ex numéro trois du PSOE pourrait avoir touché des « primes » de la part d’un chef d’entreprise espagnol pour des contrats d’achat d’équipement de santé lors de la pandémie de Covid-19. Parmi les personnes déjà visées par cette enquête, le proche conseiller de l’ancien ministre des Transports José Luis Àbalos, Koldo Garcià. Dans la foulée des révélations, Santos Cerdán avait démissionné mi-juin de son poste de secrétaire du parti et de son mandat de député.

« Le Parti socialiste a agi de manière ferme dès le début », a réagi lundi Pedro Sánchez, lui-même secrétaire général du parti. « Est venu le temps de la justice, et c’est à elle de déterminer exactement quelles sont les responsabilités dans l’affaire Santos Cerdán », a poursuivi Pedro Sánchez, interrogé sur ce sujet lors de l’ouverture de la quatrième conférence internationale sur le financement du développement, organisée à Séville sous l’égide de l’ONU.

Droite et extrême droite en embuscade

Ce nouveau volet dans l’enquête tentaculaire impliquant le gouvernement de coalition a particulièrement ébranlé Pedro Sánchez. Ce dernier a accédé au pouvoir en 2018 grâce à une motion de censure lancée après un scandale de corruption impliquant le Parti populaire (droite). Dès son élection, le gouvernement de gauche s’était engagé à mettre fin à la corruption. De quoi le mettre aujourd’hui en difficulté.

Si le Premier ministre a présenté depuis « ses excuses » à plusieurs reprises, assurant qu’il ignorait les faits présumés reprochés à Santos Cerdán, il n’envisage pour autant ni démission, ni élections anticipées, ni vote de confiance. Ne cédant pas aux pressions, il nie que son parti ait été financé illégalement.

Mais cette affaire donne du grain à moudre à la droite et à l’extrême droite espagnole qui accusent depuis plusieurs mois Pedro Sánchez d’être lui aussi coupable de corruption. Le Parti Populaire (droite) oublie un peu vite que 150 de ses membres qui ont participé aux précédents gouvernements sont actuellement poursuivis par la justice.

« La situation actuelle nous a sans aucun doute plongés dans un triangle des Bermudes politique, capable de faire perdre au gouvernement le cap qu’il maintenait » explique à l’Humanité le député du groupe Sumar, Agustin Santos. « Cependant, bien que le PP continue de radicaliser son discours, il n’obtient pas plus de soutien dans la rue, il ne peut pas non plus présenter de motion de censure car il n’a pas les votes nécessaires pour former un gouvernement », affirme-t-il.

Le Premier ministre Pedro Sánchez doit aussi faire face à des tensions internes. Il doit composer avec les différentes forces politiques de son gouvernement de coalition, réclamant un agenda plus progressiste en échange du maintien de leur soutien face à la droite et l’extrême droite.

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