Avant la conférence de presse de François Bayrou, quelles sont les principales mesures de son budget austéritaire ?
La colère gronde chez de plus en plus de Français. Sur les réseaux sociaux, dans les universités d’été des partis de gauche, l’heure est à la mobilisation et à l’organisation du 10 septembre. L’objectif : contester le budget austéritaire de François Bayrou et mettre un coup d’arrêt à l’injustice sociale. Selon les derniers sondages, près de deux Français sur trois sont ainsi favorables au mouvement « Bloquons tout » tandis que les syndicats préparent eux aussi la riposte.
Pour tenter de désamorcer l’ire dont il est à l’origine, le Premier ministre organise une conférence de presse à 16 heures, depuis des locaux gouvernementaux de l’avenue de Ségur. Il essayera sans doute de justifier le bien-fondé de son budget austéritaire en appelant les Français à la « responsabilité ». Avant cette prise de parole, qui, aux regards des précédentes, s’annonce dramatiques pour les droits sociaux, l’Humanité fait le point sur les principales mesures du plan de François Bayrou, soit épargner les plus riches, saigner les modestes et les précaires.
Suppression de deux jours fériés : l’arbre qui cache la forêt ?
François Bayrou a annoncé le 15 juillet dernier la suppression de deux jours fériés : le lundi de Pâques et le 8 mai, pour un bénéfice estimé par Matignon à 4,2 milliards d’euros. Ainsi, pour le gouvernement, le déficit public n’est pas dû à une mauvaise gestion de sa part – en particulier ses cadeaux aux grandes fortunes et la multiplication des aides sans contrôle ni contrepartie aux grandes entreprises – mais à des Français qui se la couleraient douce, leur faible taux d’activité expliquant le manque de création de richesse et nous condamnant à payer à crédit notre modèle social et nos services publics.
Le Premier ministre affirmait par exemple que nous travaillerions 100 heures de moins par an que nos voisins allemands. C’est un mensonge : Une étude de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) comparant le temps de travail des personnes actives sur les deux rives du Rhin en 2023 dénombre 1 335 heures par travailleur outre-Rhin, soit 154 heures de moins que dans l’Hexagone (1 489 heures). L’exécutif oublie aussi de préciser qu’avec 11 jours fériés sur une année civile, la France est sous la moyenne européenne de 11,7 selon l’Eures (Services européens de l’emploi).
« Année blanche » pour toutes les dépenses de l’État
Gel des prestations sociales et des barèmes de l’impôt sur le revenu, des pensions de retraite, mise sous cloche des services publics, des investissements sociaux… François Bayrou avait ainsi annoncé, en juillet, une « année blanche » pour toutes les dépenses de l’État. Par « blanche », entendez donc une année de baisse du pouvoir d’achat et augmentation de la précarité. En somme, une année « noire » pour tous, sauf les plus riches.
Les retraités, les chômeurs, les allocataires verront leur niveau de vie s’éroder au fil de l’inflation — une décision d’une violence sociale rare, chiffrée à 3,7 milliards d’euros d’« économies » sur le dos des pauvres. Des mesures qui pourront se doubler de prochains coups portés via le retour de la réforme de l’assurance chômage et une négociation annoncée – et qui ne dit rien qui vaille – sur le droit du travail.
En gelant le barème de l’impôt sur le revenu, le gouvernement impose en douce une hausse d’impôt déguisée pour les classes populaires et moyennes. L’inflation augmentant les revenus nominaux, nombre de ménages basculeront dans des tranches supérieures sans gains réels — une mesure injuste… et sournoise.
Un tiers des départs de fonctionnaires non remplacés
La menace planait depuis plusieurs semaines. Elle se confirme. « Un fonctionnaire sur trois partant à la retraite ne sera pas remplacé », a annoncé le premier ministre. Dès 2026, 3 000 postes seront supprimés dans tous les ministères (à l’exception de la défense), mais il épargnerait « les postes d’élèves professeurs créés dans le cadre de la réforme des enseignants ». Qu’en sera-t-il des autres postes dans l’Éducation nationale et, plus généralement, des autres secteurs, dont celui de la santé et de la justice, où les syndicats alertent de façon chronique sur les sous-effectifs ?
Après deux années consécutives de gel du point d’indice, les fonctionnaires connaîtront également une nouvelle année blanche, a annoncé chef du gouvernement. Autres économies « dans le train de vie de l’État », annoncées et confirmées : celles qui touchent les « innombrables agences de l’État », dont plusieurs d’entre elles devraient être supprimées, fusionnées ou réinternalisées. François Bayrou table ainsi sur la suppression d’un millier de postes.
Les plus vulnérables perdent des droits
Cinq milliards d’euros d’économies : c’est ainsi que François Bayrou est « fier » de notre système de santé. Dans la veine des propositions de la Caisse nationale d’Assurance maladie et du Medef, François Bayrou mise avant tout sur la « responsabilisation » des patients. Il propose d’abord le doublement du plafond des franchises médicales, donc du reste à charge pour le patient, passant de 50 à 100 euros par an.
Comme redouté, les patients en affection de longue durée (ALD) sont visés. Une « réforme en profondeur » du dispositif exclura du remboursement à 100 % les médicaments qui ne sont pas en lien avec l’affection déclarée et sortira les personnes de l’ALD « si cela ne se justifie plus ». Un coup de massue pour les 13 millions de malades chroniques et de victimes de cancer.
Les patients sont invités à ne pas multiplier les examens et les visite à l’hôpital, à « avoir une plus grande efficacité dans leurs achats ». Quant aux équipements des personnes infirmes, comme des cannes anglaises, « il faut pouvoir les restituer après que (la personne) ait disparu » (sic). Obsession récurrente du gouvernement, « la dérive » des arrêts maladies est pointée du doigt.
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