La loi pour le plein-emploi de décembre 2023 devait être l’arme infaillible qui ramènerait le chômage en deçà de la barre des 5 % à l’horizon 2027, avait juré Emmanuel Macron au moment de la dernière campagne présidentielle. C’est peu dire qu’on est encore loin du compte, avec un taux qui caracole à 7,4 % et place la France à un niveau bien supérieur à celui de ses voisins européens (4 points au-dessus l’Allemagne, 1 point au-dessus de l’Italie, notamment).
Au-delà de leur flagrante inefficacité, les dispositions récentes introduites par cette loi, entrée en vigueur sur l’ensemble du territoire en janvier, ont également eu pour effet de complexifier l’analyse liée à l’évolution du nombre de demandeurs d’emploi et de fausser les courbes.
+ 0,9 % de chômeurs en catégories A, B et C
En témoignent les derniers chiffres publiés par le service statistique du ministère du Travail (Dares) et par France Travail. Dans cette note diffusée le 29 juillet, la baisse mise en avant de 5,7 % du nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A, c’est-à-dire n’exerçant aucune activité, au deuxième trimestre 2025, cache en réalité… une hausse de la courbe de ces effectifs.
Elle serait de + 0,2 % du début avril à la fin de juin, si la réglementation était restée inchangée. Cette hausse intervient après une augmentation de 0,8 % au premier trimestre.
Concernant les chiffres pour les trois catégories A, B et C confondues (activité réduite incluse), la neutralisation des effets de la loi pour le plein-emploi aboutit à un résultat révélant également une augmentation du taux de chômage : + 0,9 % , contre une baisse de 2,2 % sans cette neutralisation.
En d’autres termes, quand abstraction est faite des nouvelles règles, les chiffres révèlent une dégradation du taux de chômage. Des données qui sont, selon les experts de la Dares, les plus proches de « la situation conjoncturelle du marché du travail ».
Afflux massif de nouveaux inscrits
En quoi cette nouvelle réglementation influe-t-elle sur les chiffres au point de leur faire refléter des tendances contraires ?
Suivant des effets de bord difficiles à appréhender, cela s’explique avant tout par l’inscription automatique dans les fichiers de France Travail de trois nouvelles catégories : le 1,8 million d’allocataires du RSA, le 1,1 million des 15-25 ans suivis par les missions locales ainsi que les 220 000 personnes en situation de handicap qu’épaule Cap Emploi.
Un afflux massif de nouveaux inscrits, soumis à de nouvelles règles d’actualisation et à un régime de sanctions renforcé (depuis la parution du décret sanctions en juin dernier), qui induirait ce décalage avec la situation réelle du marché de l’emploi, confirme Guillaume Bourdic, représentant syndical à la CGT France Travail.
Ces chiffres en berne inciteront-ils l’exécutif à rectifier le tir, à l’heure où les fermetures d’usines, les plans de suppression d’emplois et les licenciements économiques se succèdent en cascade ? Il est permis d’en douter face aux contours de la nouvelle réforme de l’assurance-chômage qui se profile à la rentrée.
De ces nouvelles règles prévues pour affiner « l’éligibilité, la durée maximale d’indemnisation et les conditions d’indemnisation des ruptures conventionnelles, objets de beaucoup d’abus », selon les déclarations de la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, les chômeurs bien plus que le chômage risquent de nouveau d’être la cible privilégiée.
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