À Chartres, François Bayrou donne les pleins pouvoirs aux préfets pour sabrer dans les dépenses de l’État

La droite, qui a fait des agences d’État sa cible obsessionnelle dans sa quête de réduction des dépenses publiques, a accueilli la nouvelle avec joie. Ce mardi 8 juillet, en déplacement à Chartres (Eure-et-Loir), le premier ministre a dessiné les contours d’une réforme territoriale prévue pour renforcer le pouvoir des préfets.

Très concrètement, les préfets, les représentants de l’État à l’échelle départementale et dont le pouvoir de nomination appartient à Emmanuel Macron, verront leurs prérogatives renforcées : ils auront leur mot à dire dans la nomination des chefs des services de l’État, donc des agences territoriales, et pourront les évaluer.

Les préfets pourront tailler dans les agences autonomes à volonté

Sur cette base, le préfet aura aussi le pouvoir de « réorienter un certain nombre de dépenses, par exemple de personnel qui appartiennent à telle ou telle agence », a précisé François Bayrou.

Cela signifie que les hauts fonctionnaires qui dépendent directement de l’Élysée auront droit de vie et de mort sur des agences autonomes, qui produisent parfois des normes et des régulations dans des domaines aussi variés que la santé, l’environnement ou encore le patrimoine.

Ces normes, justement, sont depuis plusieurs mois la cible d’un détricotage en règle au Parlement, mené par les groupes du « socle commun » (Macronie et « Les Républicains ») avec le soutien acharné du Rassemblement national. La loi dite de « simplification économique », adoptée en première lecture par le parlement le 17 juin, a ainsi allégé les contraintes qui pesaient sur l’industrie en matière de protection de la biodiversité ou d’artificialisation des sols.

Plusieurs agences, dont l’observatoire de la politique de la ville ou celui des espaces naturels, sont menacées si le texte venait à être définitivement voté. Au lieu de liquider de nouvelles agences directement, ce qui doit passer par une loi, le renforcement des préfets nécessite seulement de passer par une révision de décret.

40 milliards d’euros d’économies… sur les services publics

Et permet de se passer de vote dans l’Hémicycle. « Quand il y a des normes stupides ou qui ne correspondent pas à la vie du terrain, on peut déroger à ces normes. Pour ça aussi, il faudra que les préfets soient protégés dans l’exercice de cette liberté », s’est félicité François Bayrou, à Chartres.

Ce préfet d’un nouveau genre est conforme au vœu d’Emmanuel Macron, formulé en mars 2024, de faire des hauts fonctionnaires territoriaux des « patrons de l’État » qui gèrent leur périmètre départemental en fonction d’objectifs chiffrés.

Cette annonce intervient par ailleurs une semaine avant la présentation des grandes lignes du budget 2026, attendues pour le 15 juillet. Le premier ministre cherche à faire 40 milliards d’euros d’économies en comprimant la dépense publique.

Selon la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, la réduction du nombre d’agences pourrait permettre de dégager 3 milliards d’euros d’ici 2027 – un chiffre contesté par un rapport sénatorial transpartisan sur la question. Mais si l’austérité peut permettre de favoriser l’industrie au détriment de la transition écologique, le bloc bourgeois ne boudera pas son plaisir.

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