211 milliards d’euros d’aides publiques aux entreprise : un pognon de maboul
Quel est le premier budget public de l’État ? L’éducation nationale ? Si seulement… La défense ? Même pas. Avec 211 milliards d’euros en 2023, les aides publiques aux entreprises s’imposent en tête, et personne ne le savait. Le moindre euro d’argent public, cette richesse collective qui appartient à tous les citoyens, est sacré. Mais il a pourtant fallu qu’une commission d’enquête sénatoriale se penche sur la question pour que la lumière soit faite.
Personne, à l’Élysée, à Bercy, à la Cour des comptes, au Haut-Commissariat au plan, n’avait pensé à faire le calcul. Alors que François Bayrou cherche 40 milliards d’euros d’économies, que les services publics subissent de plein fouet l’austérité, alors que les Français se serrent la ceinture, quelle urgence y avait-il, il est vrai, à regarder la réalité du montant versé aux entreprises, y compris celles du CAC 40 ?
Une paille sans doute, devaient se dire les Mozart de la finance qui ont organisé cet écran de fumée. Mais la paille tient de la gigantesque poutre : dix points de PIB ! C’est désormais établi, grâce au travail initié par le sénateur communiste Fabien Gay, qui invite à un choc de transparence, à un choc de rationalisation et à un choc de responsabilisation pour que ces aides soient chaque année finement mesurées, évaluées et conditionnées.
Est-il normal que des aides publiques puissent finir en dividendes aux actionnaires ? Que des entreprises soient aidées alors même qu’elles réalisent des bénéfices d’un côté, et qu’elles licencient et délocalisent de l’autre ? Est-il acceptable que des groupes ne payant pas d’impôts en France reçoivent un financement de l’État sans contrepartie ?
Il faut être bien servile à Bercy ou à l’Élysée pour ainsi se coucher. Même les grands patrons n’en attendent pas tant. La preuve, lorsque Fabien Gay les a auditionnés, Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, a répondu que « l’État devrait conditionner ces aides. S’il y a retour à bonne fortune, il faut les rendre ». Et Florent Menegaux, directeur général de Michelin, a reconnu que si des machines achetées avec des aides publiques ne sont pas « restées en France, il ne serait pas anormal qu’on le rembourse ». Dont acte !
Urgence pour l’Humanité
Votre don peut tout changer
Faites vivre un média libre et engagé, toujours du côté de celles et ceux qui luttent
Je veux en savoir plus