Des chiffres d’arrêts maladie biaisés jetés sur la place publique. Dans sa croisade pour réaliser 5,5 milliards d’euros d’économies sur la santé en 2026, François Bayrou a martelé que plus de 50 % des arrêts longs n’étaient pas justifiés, antienne reprise quelques jours plus tard par Catherine Vautrin, la ministre de la Santé. Or, la synthèse du rapport « charges et produits » de la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam) pour 2026 dont est issu ce pourcentage est beaucoup plus nuancée : « Des contrôles médicaux ponctuels sur les arrêts de plus de dix-huit mois ont montré que 54 % des arrêts concernés par ces contrôles n’étaient plus justifiés, avec la possibilité d’une reprise du travail pour le salarié ou d’un passage en invalidité. »
En réalité, comme l’a révélé APM News (agence de presse médicale), relayée par Libération, seuls 18 585 arrêts ont été contrôlés, bien loin des 9 millions d’arrêts de travail prescrits chaque année. Sur ces 54 % d’arrêts soupçonnés d’être de complaisance, seuls 12 % ont été considérés comme infondés et ont conduit le médecin-conseil à acter une reprise du travail. Les 42 % restants « ne relevaient plus de l’arrêt de travail, mais d’une pension d’invalidité ». Rien à voir, donc, avec un phénomène généralisé de fraude à l’assurance-maladie....