Guerre en Ukraine : à Washington, Zelensky plaide sa cause auprès de membres du Sénat américain
C'est le plaidoyer de la dernière chance : le président ukrainien Volodymyr Zelensky multiplie mardi 12 décembre les réunions à Washington pour éviter que les États-Unis ne coupent l'aide militaire vitale pour l'effort de guerre ukrainien.
Le président ukrainien, en pull noir portant un trident, l'emblème de l'Ukraine, et en pantalon kaki, s'est entretenu avec des membres du Sénat, la chambre haute tenue par le parti démocrate du président Joe Biden. C'est la troisième fois en un an que Volodymyr Zelensky vient plaider sa cause au Capitole de Washington, siège du Congrès, et cette visite est sans doute «la plus importante», a affirmé le chef démocrate du Sénat, Chuck Schumer.
«Il a dit clairement (...) que si nous perdons, Poutine gagnera, et ce sera très dangereux pour les États-Unis», a-t-il commenté après l'entrevue. Selon lui, Volodymyr Zelensky a martelé qu'il avait besoin «rapidement» d'une nouvelle assistance américaine, pour soutenir son armée et pour éviter l'effet délétère d'une désaffection des États-Unis sur les autres alliés européens de Kiev.
Le président ukrainien a ensuite entamé sa réunion la plus difficile, avec des élus de la Chambre des représentants, contrôlée par les républicains : c'est là que les réticences à soutenir davantage l'Ukraine sont les plus vives.
«À court d’argent»
La Russie, bien consciente de l'érosion du soutien des États-Unis, en particulier avec l'échec cet été de la contre-offensive ukrainienne, a revendiqué mardi des avancées «significatives» dans la région méridionale de Zaporijjia. Moscou «semble croire qu'une impasse militaire pendant l'hiver va saper le soutien occidental à l'Ukraine», la Russie est donc «déterminée à pousser» sur tout le front, a averti la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, Adrienne Watson.
Le parlement américain a engagé plus de 110 milliards de dollars depuis le début de l'invasion russe en février 2022, mais bute sur le nouveau volet réclamé par Joe Biden - quelque 61 milliards de dollars, de quoi tenir au moins jusqu'à l'élection présidentielle américaine de 2024. Les démocrates sont favorables à cette nouvelle enveloppe. Les républicains n'y sont pas totalement opposés, mais exigent en retour des changements majeurs de la politique migratoire des États-Unis.
Certains élus de la droite radicale plaident pour cesser purement et simplement toute assistance. «Zelensky vient mendier et les “va-t-en-guerre de Washington” veulent lui donner une aide illimitée», a critiqué une représentante de ce courant, Marjorie Taylor Greene, sur le réseau social X.
Le Congrès n'a en théorie que jusqu'à vendredi - quand commencent les vacances parlementaires - pour parvenir à un accord. La Maison-Blanche a prévenu qu'elle serait «à court d'argent» d'ici la fin de l'année si rien n'était fait. L'Ukraine craint qu'un blocage durable aux États-Unis n'affecte aussi l'aide militaire européenne, malgré l'arrivée au pouvoir en Pologne d'un nouveau gouvernement, plus favorable au soutien à Kiev.
Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a appelé le monde à «une mobilisation totale» pour l'Ukraine. Le président Biden devrait porter le même message, lors de son entrevue avec son homologue ukrainien à la Maison-Blanche en début d'après-midi, et pendant la conférence de presse commune qui suivra.